Il y a un an, trois jours après avoir été arrêtée et battue par la police des mœurs islamique, l’Iranienne Mahsa Amini est morte.
Mahsa Amini est morte il y a un an, jour pour jour, assassinée par la théocratie totalitaire des mollahs. Parce que la police des mœurs avait estimé qu’elle ne portait pas correctement son hijab. Depuis, des hommes et des femmes se dressent en Iran contre la dictature religieuse islamique. Leur geste : arracher ce voile qui symbolise l’oppression. Leur cri : femme, vie, liberté !
Le régime va jusqu’à empoisonner les écolières
Plusieurs l’ont payé de leur vie, certains lorsque la police du régime a ouvert le feu sur des manifestants, d’autres sommairement exécutés ou victimes « d’accidents ». Il y aurait eu, depuis un an, des dizaines de milliers d’arrestations et des centaines de morts. On parle de milliers de cas d’empoisonnement dans des établissements scolaires pour empêcher les élèves d’organiser des manifestations. Arrêtées, des jeunes filles ont été emprisonnées, torturées, abusées au nom d’Allah. On dit que conformément à une fatwa de l’ayatollah Khomeini, plusieurs condamnées à mort ont été violées avant d’être tuées parce qu’elles étaient vierges et qu’il fallait les priver de leur « pureté » pour les empêcher d’aller au paradis. On aimerait croire que c’est faux, que même les maîtres de Téhéran ne se prosterneraient pas devant une divinité assez malveillante et perverse pour condamner une innocente à l’enfer parce qu’elle a été violée. Mais hélas ! L’accusation semble fondée, et les témoignages de prisonnières victimes d’abus sexuels répétés ne cessent de s’accumuler. Le peuple qui vénérait jadis Ahura Mazda est sous la coupe des adorateurs d’Ahriman.
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L’Occident proteste du bout des lèvres, trop occupé sans doute à endoctriner ses propres peuples en leur disant que « la liberté est dans le hijab » ou à s’extasier devant la beauté d’une « féministe voilée » pour soutenir efficacement une révolte qui, pourtant, mériterait tout l’appui que nous pourrions lui apporter. Et les héritiers spirituels de ceux qui ont jadis applaudi l’instauration de la république islamique continuent à pontifier leurs leçons de morale.
Le vrai courage
Le monde musulman se taît, trop occupé sans doute à hurler contre des caricatures pour s’inquiéter des abominations commises au nom de son dieu – il faut croire qu’il accorde une grande valeur à la susceptibilité d’Allah, mais aucune valeur à la dignité humaine. À moins que l’Oumma considère qu’Allah ne désapprouve pas vraiment ce que le régime de Téhéran fait en son nom ? L’Arabie Saoudite courtisée par la France et l’Iran des mollahs améliorent même leurs relations, au nom de la « solidarité islamique » et de « l’unité du monde musulman »…. Et on entend beaucoup plus les communautés et associations musulmanes présentes en Europe protester contre l’interdiction de l’abaya que contre la torture des femmes qui refusent le hijab.
Demeure le courage incroyable de ces Iraniennes et de ces Iraniens – car la révolte, n’en déplaise à certaines visions simplistes, rassemble les deux sexes, tout comme le fanatisme du régime. Les risques qu’ils prennent sont terrifiants, et pourtant ils les prennent. Leur soif de liberté est éclatante. Il y a des appels à la résistance lancés depuis les prisons. Des cris qui résonnent, se répondent et s’amplifient de fenêtre en fenêtre jusqu’à atteindre d’irrépressibles clameurs. Des gestes de défi d’une profonde dignité. La révolte n’a pas encore gagné, il lui reste bien des combats à mener, mais les mollahs ont déjà perdu : malgré des décennies de propagande et de répression, ils ne sont pas parvenus à détruire l’âme du peuple iranien.
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