Pour masquer la consternante baisse du niveau dans les lycées, l’Éducation nationale demande aux correcteurs d’adapter leur grille d’évaluation aux objectifs du ministère. Un procédé stalinoïde contre lequel toute révolte est vaine, déplore notre courageuse correspondante au pays du Mammouth.
La rentrée se profile et je remue deux ou trois réflexions autour de la dernière session de l’épreuve de français du bac… histoire de me remettre dans l’ambiance et de me remémorer le bain culturel qui m’attend. Façon comme une autre de ne pas tomber de sa chaise dès les premières copies de l’automne.
Quelques extraits du lot qui m’est échu en juin suffisent à prendre la mesure du niveau actuel (précisons qu’il s’agit de la filière générale, donc du haut du panier, et que les prélèvements, issus de la prose de plusieurs élèves, sont hélas tout à fait représentatifs de l’ensemble). Les candidats ont massivement choisi de commenter un texte de Diderot développant une réflexion existentielle à partir de la contemplation d’une toile d’Hubert Robert… texte auquel ils n’ont massivement rien compris.
Entourloupe quasi-soviétique
Allons-y – je restitue bien sûr orthographe, syntaxe, ponctuation et usage du vocabulaire propres aux élèves : « Le commentaire de Diderot fut prononcé à l’encontre d’un tableau peint par Hubert Robert.(Ça commence bien !) Dans les trois derniers paragraphe, les ruines antiques à rendu Diderot nostalgique d’une époque qu’il n’a pas connu, où le catholicisme n’existé pas et où donc ses valeur ne s’appliquer pas ce qui provoque l’emancipation des corps avec des relations amoureuse ou socialle plus libertine et decompléxer. » (Le correcteur prend un premier Aspro.) Ailleurs, on trouve « la rétrospection envers lui-même sans ne jamais se voir offensé par une société aux vices involontaires ». (Deuxième dose d’Aspro.) Ici, « Diderot laisse son côté philosophique à son sentiment personnel » (??) Ou encore, « l’auteur va commencer à prendre une part de relachement dans ses angoissantes pensées. La conjonction de subordination “si” nous montre que le narrateur commence à prendre son courage en main. » Le correcteur a renoncé à tenter de percer à jour la logique des raisonnements, il ne souhaite pas
