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Retour du délit de blasphème au Danemark: la violence paie

Le regard libre d'Elisabeth Lévy


Retour du délit de blasphème au Danemark: la violence paie
Le ministre de la Justice danois Peter Hummelgaard présente une loi visant à interdire de brûler le Coran, Copenhague, 25 août 2023 © Martin Sylvest/AP/SIPA

L’islam continue de menacer la liberté d’expression en Europe. Le gouvernement danois a présenté au parlement un projet de loi pour interdire la dégradation publique d’objets religieux. Pourtant, et c’est heureux, en Occident, le « blasphème » n’avait plus cours. L’analyse d’Elisabeth Lévy.


Le Danemark s’apprête à rétablir le délit de blasphème. Charlie Hebdo lance un appel. Le texte présenté par le gouvernement danois ne comporte pas le mot « blasphème », mais c’est pourtant bien de cela dont il s’agit : il y est question d’interdire la dégradation publique d’objets religieux (et de la punir, jusqu’à deux ans de prison). L’objectif est de sanctionner les autodafés de Coran et surtout, de montrer aux Iraniens, aux Pakistanais et à d’autres que le gouvernement danois désapprouve ces pratiques. Depuis quelques mois, il y a ce que l’on appelle la crise des Corans brûlés, en Suède et au Danemark. Ces autodafés sont commis par des réfugiés irakiens, une artiste iranienne et des militants nationalistes devant la presse dûment convoquée. Ils ont provoqué des émeutes en Suède et des représailles contre des chrétiens au Pakistan. Ils ont surtout fortement indisposé les mollahs iraniens. Bien que le ministre danois de la Justice ait qualifié ces autodafés de méprisants et antipathiques, le guide suprême de l’Iran Ali Khamenei a affirmé que « soutenir les criminels et les profanateurs du Saint Coran est une forme de guerre contre le monde islamique ».

Le militant Salwan Momika, Stockholm, 20 juillet 2023 © Oscar Olsson/AP/SIPA

C’est un message aux fanatiques : nous céderons

Dans le Charlie Hebdo de la semaine, ainsi que dans plusieurs médias scandinaves, il y a donc une tribune contre cette loi qui « ouvre la porte à toutes les censures », et va à « l’encontre de tout ce pourquoi se sont battus intellectuels, artistes et responsables politiques en Europe depuis deux siècles, à savoir affranchir la vie publique de la tutelle des religions et de leurs dogmes ».

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On peut admettre que ce n’est pas très malin de brûler des Corans. Moi, je n’aime pas qu’on brûle des livres, mais j’aime encore moins qu’on l’interdise.

Dans l’Europe des Lumières, la liberté d’expression, la liberté de critiquer, de détester ou de moquer une religion, le droit d’emmerder Dieu comme dit l’avocat Richard Malka, cette liberté est sacrée. Ce n’est donc pas malin de brûler le Coran, mais c’est encore moins malin de l’interdire. Si on interdit aujourd’hui de brûler des Corans, demain, on sanctionnera ceux qui critiquent l’islam. C’est un message aux fanatiques : la menace et la violence payent. C’est un bras d’honneur aux Iraniennes et à tous ceux qui risquent leur vie pour lutter contre l’emprise religieuse. « Le gouvernement danois devient le complice de ces régimes tyranniques et assassins, dont le pouvoir repose entièrement sur la soumission totale au Coran », résume la tribune. Enfin, pour nous, c’est une insulte à Cabu, à Charb, à Wolinski, une insulte aux 12 personnes assassinées le 7 janvier 2015 parce que Charlie Hebdo avait publié les caricatures de Mahomet en soutien aux dessinateurs danois de Jyllands Posten. Oui, comme le dit Shakespeare, il y a quelque chose de pourri au Royaume du Danemark…

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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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