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J’aime regarder « J’aime regarder les filles »

Pierre Niney veut du fric, Pierre Niney veut des filles...


J’aime regarder « J’aime regarder les filles »
Affiche du film, sorti en 2011. Copyright Bac Films

J’aime regarder les filles. Non, ce n’est pas le dernier (et tardif) opus de ma série estivale sur les chansons. Cette chronique ne portera pas sur le one hit wonder de 81 de Patrick Coutin, portant le même nom.

Un film singulier

Cette chronique est un « accident » issu de mes errances d’insomniaque sur internet. Un soir, les algorithmes ont dégoté pour moi, sur Prime Video, une perle bien cachée: J’aime regarder les filles, un film de 2011 de Frédéric Louf. Ni vu ni connu, j’t’embrouille, je prends le titre comme prétexte pour chroniquer ce film qui m’a littéralement enchantée.


Nous sommes en 1981, précisément le soir de l’élection de Mitterrand. Mais le jeune Primo, le héros du film âgé de 18 ans, joliment interprété par Pierre Niney, se fout éperdument de la politique. Ce qui lui importe, justement, ce sont les filles. Il ne veut pas ressembler à son père, immigré italien qui se saigne aux quatre veines pour lui payer une boîte à Bac à Paris.

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Primo veut du fric, Primo veut des filles. Cette fois-ci, il a jeté son dévolu sur Gabrielle, la plus jolie blonde du lycée, qui balade son air d’indifférence sur la vie. Il se fait donc passer pour un gosse de riche, pour conquérir celle qu’il aime. Il trime pour cela : avoir la bonne marque de mocassins, le pull Burberry qui va bien, demande tous les petits boulots possibles et imaginables. Dur, dur, d’être riche ! Et le bougre mythomane, qui s’est inventé, pour l’occasion, un père célèbre photographe, arrive à intégrer la bande de jeunes giscardiens « BCBG », comme on disait à l’époque, et à séduire la douce et fuyante Gabrielle.

La singularité de ce film, c’est qu’il ne s’inscrit dans aucun genre. Les codes du teen-movie, de la comédie italienne, du feel good movie circulent sans qu’aucun ne prenne vraiment le dessus. C’est un film aérien, ou aéré. On y aborde très finement les rapports de classes, sans aucun militantisme, ni complaisance. Déjà, il est surprenant qu’un film sur l’élection de Mitterrand soit presque uniquement focalisé sur une bande de jeunes giscardiens, qui ont d’ailleurs accueilli la nouvelle avec nonchalance.

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Tous les personnages sont à leur place socialement, sauf Primo : ses potes giscardiens, son voisin de palier maghrébin qui milite à gauche, et même son père, modeste commerçant d’origine italienne, avec son racisme ordinaire et sa colère contre la suppression de la peine de mort… Primo, on ne sait pas ce qu’il veut mais on sait ce qu’il ne veut pas. Fabriquer des bouquets de mariées dans une sinistre bourgade de province, comme son père, n’est clairement pas dans ses ambitions. Il veut danser, être amoureux, se laisser vivre. Mais c’est anachronique, les Trente Glorieuses sont finies et les lendemains ne chanteront pas longtemps.

J’aime regarder les filles est un mélange de comédie italienne dans une atmosphère qui évoque la Nouvelle Vague. On pense évidemment au Fanfaron de Dino Risi. Et Primo en fait un fameux, de fanfaron. Il parie une bouteille de Champagne avec un prof qu’il aura son Bac malgré ses mauvais bulletins ? Il l’obtient. Il est capable de faire des gestes fous, alors qu’il est empreint de maladresse. Primo, qui aime tant regarder les filles, badine avec l’amour, et ne regarde évidemment pas la bonne.



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est enseignante.

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