Accueil Édition Abonné Heureuse politique où le ridicule ne tue pas!

Heureuse politique où le ridicule ne tue pas!

Le billet politique de Philippe Bilger


Heureuse politique où le ridicule ne tue pas!
Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, en 2007 à l'Elysée © HADJ/SIPA

Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron: ils ne disent pas forcément n’importe quoi, mais ils se laissent aller… Passons leurs dernières (et ridicules?) actus estivales au crible.


J’adore cette période qui est encore teintée de vacances, mais qui sent la reprise. Il y a des propos, des déclarations, des audaces et des provocations qui sont parfumés par cette parenthèse particulière entre le repos atténué et la pleine intensité. On ne dit pas forcément n’importe quoi mais on se laisse aller:

  • à être des conseilleurs puisqu’on n’est plus les payeurs comme l’ex-président Nicolas Sarkozy,
  • ou à des préceptes qu’on n’applique pas soi-même comme le président Macron,
  • enfin à des initiatives surprenantes comme Ségolène Royal qui ne semble guère affectée par la dérision dont certains l’accablent.

Nicolas Sarkozy, qui continue à croire qu’il est légitime et écouté, invite la droite à se choisir pour 2027 une personnalité qui saura faire la synthèse entre Eric Ciotti, Eric Zemmour, Emmanuel Macron et les électeurs du RN.

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D’une part il faudra la trouver. D’autre part, si on a droit à un zeste d’ironie, pourquoi s’arrêter à Emmanuel Macron ? On a compris depuis longtemps que Nicolas Sarkozy rêve de voir LR être absorbé par le macronisme. Un tel mélange donnerait des frissons républicains tellement il serait contre-nature ! Mais, pour poursuivre la politique-fiction, Nicolas Sarkozy aurait pu élargir le spectre. Le parti communiste, grâce à Fabien Roussel, est devenu fréquentable et il a des appétences que la droite ne récuserait pas. Chez les écologistes, si Marine Tondelier n’inspire personne, même pas son propre parti, Yannick Jadot existe toujours et sa vision raisonnable, quoique sobre, de notre futur mérite de l’ajouter à la liste suggérée par Nicolas Sarkozy. On laisserait tout de même de côté le parti socialiste et LFI ! Reconnaissons cependant que Nicolas Sarkozy cible bien la personnalité de Laurent Wauquiez. Il lui reproche de s’être « défilé » à chaque fois que son parti avait besoin de lui. Je ne suis pas convaincu que l’ancien président puisse donner des leçons sur ce plan mais sans doute s’estime-t-il hors concours !

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Le président de la République s’est mêlé de la vie des partis et il leur a demandé de se soucier « d’unité » et « d’efficacité ». Ce n’est pas d’aujourd’hui que je mesure à quel point le plus grand privilège du pouvoir est d’enjoindre aux autres ce qu’il ne s’applique pas à lui-même. L’état de la France prêterait à rire si en effet les deux exigences évoquées par Emmanuel Macron n’étaient pas capitales. Notre pays manque singulièrement d’unité et l’efficacité n’est pas ce qui caractérise la manière dont il est gouverné.

Enfin, Ségolène Royal a un incroyable culot. J’ai toujours apprécié ce tempérament qui ne veut pas rester en marge de la politique mais considère qu’en permanence elle a un rôle à y jouer. Rien ne la décourage, en tout cas pas ses échecs d’hier ou les désillusions qu’on lui cause. Elle réussit ce tour de force d’échapper au ridicule parce que les natures comme la sienne sont uniques. Ses adversaires sont plus effarés par son énergie et sa certitude d’être utile qu’enclins à moquer son ambition jamais lassée. Et ses alliés ne sous-estiment pas le concours qu’elle pourra leur apporter. Elle a déclaré qu’elle était prête à diriger la liste d’une gauche unie aux élections européennes. Avec LFI. Peu importe que la vaillante candidate qu’elle a été en 2007 ait eu un esprit d’ouverture aux antipodes de celui de LFI, elle ne s’encombrera pas d’un tel détail ! Ce que Ségolène veut n’est pas acquis mais on ne pourra pas aisément se débarrasser d’elle ! Au fond, n’ai-je pas tort de qualifier de « ridicules » certaines attitudes politiques ? La politique ne serait-elle pas l’art de tout penser, de dire parfois le contraire et de n’être jamais lié par le moindre engagement ? Les politiques, au fond, osent tout. Le peuple sera-t-il dupe ?

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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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