Le comte Roger de Rabutin est une figure du Grande Siècle. Fougueux, batailleur et vaniteux, ce cousin de la marquise de Sévigné réussit avec superbe à irriter Louis XIV. Exilé sur ses terres bourguignonnes, il a fait de son château une œuvre d’art totale. Reportage à Bussy-Rabutin.
L’excès gouverna ses jours. Débauché, insolent, il alternait les corps-à-corps, abandonnant à la hâte une orgie pour se jeter dans une bataille. Aristocrate du Grand Siècle, écrivain talentueux, il tenta vainement de courtiser Louis XIII puis son successeur, mais il les importuna l’un et l’autre, et le cardinal de Richelieu tout autant. Il passa les bornes et connut la chute. C’est ainsi qu’il se replia, par contrainte, dans son château, où l’attendait la postérité. À Bussy, le comte Roger de Rabutin, dit Bussy-Rabutin (1618-1693), a entrepris l’œuvre de sa vie. Et c’est éblouissant !
La surprise de Bussy
On arrive au château par un sentier pédestre qui n’annonce rien d’exceptionnel. À main droite, en contrebas, on voit des tours rondes et des douves en eau, un pigeonnier imposant ; la végétation est abondante, les arbres couvrent des coteaux assez abrupts qui interdisent une vue dégagée vers cette partie du site. C’est charmant, champêtre, d’aspect médiéval.
Puis on parvient devant la cour d’honneur, et tout, soudain, bascule : le Moyen Âge cède la place à la Renaissance française.
La façade est percée de nombreuses fenêtres : c’est une demeure de prestige, bien faite pour le divertissement et le repos d’un gentilhomme et de ses amis, où la lumière pénètre abondamment. C’est l’héritage de Bussy-Rabutin, qu’il augmentera d’une contribution sans équivalent.
Nous franchissons le seuil de sa demeure, son fantôme goguenard nous entraîne dans sa féerie rationnelle, dans le mouvement de sa vie privée. Et nous réglons
