Pour évoquer l’été capricieux et l’homme moderne, notre chroniqueur a choisi cette fois de s’inspirer d’un écrivain qui fit de la chronique journalistique un art littéraire à part entière. Saurez-vous le reconnaître ?
Facéties de l’été bourguignon. – Vacances nivernaises. – À propos d’un homme-chien nippon. – Ce qu’en pense mon tonton Raymond. – Portrait rapide de ce dernier. – Remarques sur l’horoscope chinois. – Particularités du signe du Chien. – Échanges culturels entre Nivernais et Berrichons. – Description inflexible du cousin Fabrice. – Ce qu’il advient d’« iel ». – L’été retrouve des couleurs. – Tableau idyllique. – Dernières nouvelles de l’homme moderne. – Curieux phénomènes. – Inquiétude des scientifiques. – Il est des endroits où l’homme ne se ressemble plus. – Des savants en tirent diverses conclusions.
Il n’y a plus de saisons, disent les Anciens du cru depuis toujours. Ils le répètent cette année. L’été bourguignon est facétieux : une pluie éparse douche timidement des vaches qui courent s’abriter sous les quelques rares arbres bordant leurs pâturages. À peine sont-elles arrivées en sueur sous les ramages protecteurs, que le soleil darde de tièdes et réconfortants rayons qui font espérer une douce soirée. Toutefois, par-delà les cimes des arbres, le vent peine à chasser des nuages métalliques.
Vacances nivernaises. Repas de famille. Sous la véranda verdoyante qui ombre la terrasse, mon tonton Raymond est fier de braver les éléments en préparant un barbecue, ce qu’il fait avec la rigueur virile du géomètre : pas un bout de charbon ne dépasse. Une impressionnante pièce de bœuf attend d’être sacrifiée sur l’autel de braises. Des cousins téméraires courent autour du brasero. Il y a des odeurs de chèvrefeuille, de persil, de poivre et de parfums de femmes. La nuit tombe, le bonheur est à portée de main et le ciel a des couleurs de fer et d’or.
Au milieu de cette béatitude pastorale et familiale, voilà que, grâce aux journaux, nous apprenons des choses surprenantes : par exemple qu’un Japonais se prend pour un chien et se fait appeler Toco. Il a, paraît-il, dépensé une fortune pour se transformer en colley – cet animal à poil long, croisement de chiens introduits en Écosse par les Romains qui avaient l’œil à tout, est réputé être calme, docile et fidèle ; l’un d’entre eux est parvenu à devenir une vedette de télévision et s’est mis à cabotiner à qui mieux mieux avec ses congénères, hommes ou bêtes se regardant en chiens de faïence sous les
