Notre chroniqueur fut jadis un homme de cheval, et tout ce qui tient à l’art équestre ne lui est jamais indifférent. En vacances dans l’Hérault, il a passé une soirée avec la troupe d’Alexis Gruss, sixième génération d’un spectacle mêlant arts du cirque et maîtrise de la « plus noble conquête de l’homme ». Il en est visiblement revenu émerveillé.
Avant que les écolos, les antispécistes et autres défenseurs des rats parisiens et des moustiques argentins ne l’emportent et fassent interdire à jamais les zoos et les cirques, venez en foule et en famille voir ce que les Gruss — présents sur scène jusqu’à la sixième génération d’artistes à cheval — proposent à trois kilomètres de Béziers. Et vous en reviendrez enchantés.
Enchantés et surpris. Que dans la France de 2023, qui est devenue ce que nous savons, la valeur Travail soit à ce point exaltée mérite notre total soutien.
Le Travail, et la Grâce. J’ai eu des chevaux moi-même, je sais combien cet animal est rétif, craintif et fantasque. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Glenn Ford, qui fait la leçon à Jack Lemon dans un monologue fameux de Cowboy, en 1958. Et je ne peux qu’admirer ce que les Gruss en obtiennent.
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Pas par la force, comme dans la Haute école espagnole. Tous les dimanches matin, gratuitement, la famille Gruss vous invite à venir voir le travail de répétition qui amène ces bêtes parfois monstrueuses à obéir à des hommes qu’elles pourraient pulvériser d’un coup de sabot. Et tous les soirs, à partir de 19 heures, le spectacle se met en place, avant de commencer vraiment à 21h30, quand la nuit permet à la lumière de l’illuminer de ses fastes.
C’est la deuxième année que j’assiste à ce spectacle, qui se renouvelle chaque année. Et cette fois encore, Alexis Gruss (79 ans aux fraises) et ses enfants ont renouvelé leur spectacle : l’excellence réelle ne s’endort jamais sur ses lauriers.
Il y a les numéros que vous attendez de tout cirque qui se respecte : force, souplesse et goût du risque maîtrisé. Les démonstrations équines que vous imaginez, avec des chevaux andalous ou arabes qui vous chiqueraient si vous les laissiez faire. Les contrastes obligés entre la grâce exquise d’une écuyère osant la poste hongroise (eh non, crétins, ce n’est pas une position du kamasutra !) et des bourrins de 800 kilos pièce.
Ajoutons, pour être tout à fait exact, que les fils Gruss, Charles et Alexandre, exhibent un physique de belles brutes brunes comme Sandrine Rousseau en rêve peut-être, sans le dire. Il flotte dans tout le spectacle une rumeur de barbecue, de virilité décomplexée et de démonstrations de force et de souplesse qui indique que les Gruss ne sont pas encore tombés dans le véganisme béat.
Mais le plus beau était à finir, sous le ciel impitoyablement étoilé.
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Le chanteur qui accompagne de ses rengaines les divers moments du spectacle a entonné le « Chant des Partisans ». Puis la chanteuse, Candice Parise, a repris la chanson qu’elle avait entonnée sur la Place de la Concorde le 14 juillet 2022, « France », pendant qu’Alexis Gruss et ses fils arrivaient, habillés d’un uniforme strict — et le patriarche resta droit comme un i sur sa formidable bestiole. Ils se livrèrent alors à un exercice complexe en agitant des drapeaux bleu-blanc-rouge sur lesquels était imprimée une croix de Lorraine. Si. Il n’y a que sur les terres de Robert Ménard que l’on a droit à ce genre de surprise.
Et le public a marché sans réticence, et s’est levé comme un seul homme pour saluer le vieux cavalier et ses convictions.
Il reste des lambeaux de France, çà et là. Et Les Folies Gruss (réservation ouverte jusqu’à la fin août) en apportent la démonstration chaque soir. C’est l’esprit de la Résistance, encore et toujours.
Quant à ceux qui seraient tentés de se moquer du Travail, de la Famille et de la Patrie — non, ce n’est pas seulement un slogan pétainiste ! — ou qui plaindraient ces énormes bestioles soumises à un labeur tout en dentelles, qu’ils aillent se faire empapaouter dans la banlieue de leur choix.
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