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Nicole Croisille: quand la voix devient spectacle

Une chanteuse à réhabiliter. Les tubes de l'été (6)


Nicole Croisille: quand la voix devient spectacle
Nicolle Croisille lors de la 9eme edition de la Nuit de la Deprime, au Theatre des Folies Bergere 30/01/2023 Stephane Allaman/SIPA 01101414_000133

Danseuse et actrice, c’est surtout pour sa voix qu’on se souviendra de celle qui a chanté « Une femme avec toi ». Pourtant, son répertoire ne se réduit pas à ce titre et mérite d’être redécouvert dans son intégralité.


Dans cette chronique, point de souvenirs personnels, juste une envie de réhabiliter une chanteuse un peu oubliée. Je vais donc vous parler d’elle : Nicole Croisille, cette chanteuse à voix, si discrète, et qui fit, justement, peu parler d’elle. Pas de scandales, pas d’amours tapageuses autour d’elle. Cependant sa voix nous accompagne depuis des décennies Nous connaissons tous son tube : « Une femme avec toi », et surtout ce passage mythique « Il était heureux comme un italien, quand il sait qu’il aura de l’amour et du vin », qui fait maintenant partie de notre patrimoine.

Elle a cette façon unique de chanter, sa voix à la fois puissante et voilée ne sombre jamais dans le pathos, et s’incarne, pour laisser place à l’émotion juste. Bref, nous sommes loin des beuglements de Lara Fabian. Elle dit qu’elle a trouvé sa voix et sa voie, lorsqu’elle a laissé tomber sa technique vocale de chanteuse de jazz. Le journaliste François Chalais disait ceci : « Sa voix est un spectacle, quand elle commence à chanter, on a l’impression qu’elle lève un rideau sur quelque chose qui la bouleverse intérieurement ». Quant à Léo Ferré, il disait de sa voix qu’elle était extraordinaire. Sacré compliment de la part de ce monstre sacré qui ne devait pas en faire souvent.

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Elle a cependant commencé comme danseuse, et là aussi, c’est du sérieux. Elle intègre l’Opéra de Paris, puis les ballets de la Comédie Française. Elle a même appris à danser à Claude François ! « Il voulait être Gene Kelly, Fred Astaire, mais n’avait jamais dansé de sa vie, alors je lui ai appris ».

Et, last but not least, elle a également exercé ses talents auprès de Joséphine Baker.

Sous ses airs de bourgeoise un peu lisse, au brushing impeccable, qui a l’air de se rendre à un cocktail, Nicole recèle des tas de secrets. Elle représente une France qui n’est plus. Et la regarder et l’entendre chanter a quelque chose de rassurant. Nous avons envie de garder près de nous cette dame de maintenant 84 ans qui semble ne jamais vieillir.

Elle débute enfin sa carrière de chanteuse en 1962 avec Lelouch et Pierre Barouh. Le fameux « chabadabada » qui est en fait « dabadabada ». « Jusqu’au dernier moment, nous n’avions pas de paroles, alors j’ai proposé des onomatopées de jazz », dit-elle. Onomatopées qui sont entrées dans la légende : qui n’a pas eu envie de les fredonner avec son amoureux ou son amoureuse, sous la grisaille d’une plage Normande ?

Mais c’est comme chanteuse populaire – ce statut pour moi si respectable et qui est en train de disparaître – qu’elle connut enfin le succès. Ses chansons parlent bien entendu d’amour, mais de manière un peu ambiguë ; ce ne sont pas des amours perdues, mais des entre-deux, des situations qui semblent inextricables : « S’il n’ose pas m’écrire ce qu’il en est, c’est qu’il gâche sa vie et qu’il le sait » – dans « Parlez-moi de lui », cette chanson si intrigante, une Pénélope qui semble attendre en vain son Ulysse, ma préférée. Dans « Téléphone moi », elle n’arrive pas à quitter son mari pour son amant, et dans « J’ai besoin de lui, j’ai besoin de toi »elle clame son amour pour deux hommes : « Mais ça ne se dit pas ». Et puis, nous avons cette chanson un peu méconnue : « Emma », où elle incarne Emma Bovary, en quelques mots, elle campe l’atmosphère du chef-d’œuvre de Flaubert : « Dans la Normandie matinale, quand les vaches ruminent déjà, quand la brume s’étire sur les champs, elle cachait ses yeux sous ses draps, et disait à celui qui n’était jamais là : Emma, je m’appelle Emma, et je ne sais pas, si jamais cœur aima ».

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Bref, Nicole Croisille est une grande chanteuse, et pas seulement pour « Une femme avec toi ». Tout son répertoire mériterait d’être réécouté.

Je garde le meilleur, en tout cas le plus surprenant, pour la fin. Elle a joué dans Les monologues du vagin et dans une pièce nommée Hard, qui se passe dans le milieu du porno.

Toujours se méfier des blondes au look de cousines de province. Elles ont plus d’un tour dans leur sac.



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est enseignante.

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