En France, l’alliance entre l’extrême-gauche progressiste et l’islamisme n’est pas la simple reproduction d’un phénomène américain. La présence et l’influence de l’islamisme dans nos banlieues ont une dimension qu’on ne trouve pas outre-Atlantique. Mais les politiques, notamment LFI, qui font tout pour courtiser les imams radicaux des quartiers ne voient pas que leur wokisme est incompatible avec l’idéologie de ces derniers. Tribune de Gilles-William Goldnadel.
On avait coutume de dire que ce qui arrive aux États-Unis, survient en France quelques années plus tard. Aujourd’hui, à l’ère des meutes électroniques et des émeutes médiatiques, il ne s’agit plus que de quelques semaines.
Il n’est pas la peine dans cette revue cultivée de rappeler que le wokisme a été fabriqué aux États-Unis par des idéologues français, à commencer par Deleuze et Derrida. Je n’y vois pas, pour ma part, grands motifs de fierté. Mais je tenais, dans cette courte chronique, à faire observer les différences fondamentales entre l’afro-wokisme américain, racialiste et queer, qui n’a rien de contradictoire, et l’islamo-wokisme français qui est un oxymore parfait.
Aux États-Unis, n’en déplaise aux antiracistes autoproclamés, les Afro-américains, nonobstant les problèmes sociaux qui sont à la fois cause et conséquence dialectiques du racialisme, sont intégrés dans une culture américaine métissée. Par voie de conséquence, les questions d’homophobie, de transgenrisme, de liberté des femmes n’ont pas l’aspect identitaire identifié qui existe dans nos banlieues françaises islamisées.
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Encore que, je doive limiter mon observation aux Afro-américains de souche. Les populations d’origine islamique récemment émigrées aux États-Unis manifestent en effet à l’égard du wokisme une prévention grandissante. C’est ainsi, par exemple, qu’un article du Washington Post du 27 juin dernier signalait à Rockville une manifestation nombreuse composée de musulmans et d’Éthiopiens orthodoxes protestant contre l’influence des théories LGBTQ sur leurs enfants scolarisés. De même on a rapporté largement que la municipalité d’Hamtramck ,dans le Michigan, largement islamisée, avait banni toute représentation LGBTQ de toutes les publicités municipales.
Mais la présence islamique en France est sans commune mesure avec celle des États-Unis. N’en déplaise encore à la Vulgate antiraciste française et curieusement à ses féministes sélectives, les tournantes, les viols collectifs ou particuliers, les agressions contre les femmes, les prescriptions vestimentaires, le machisme sont infiniment plus prégnants dans les banlieues communautarisées, pour parler aimablement. Et pourtant, il n’est pas douteux qu’il existe un islamo-wokisme dont la France Insoumise est le vecteur politique principal et dont les médias progressistes sont les idiots inutiles.
Il s’agit pour l’heure d’un deal « win win », pour parler comme aux USA.
Le parti d’extrême gauche y puise une grande partie de son électorat, et l’islamisme une porte d’entrée pour obtenir satisfaction de ses revendications religieuses et culturelles, dont le voile, l’abaya, l’acceptation tolérée de la polygamie sont les signes les plus visibles. N’oublions pas non plus, et je ne risque pas de l’oublier, un antisionisme virulent non exempt d’un antisémitisme violent dans lesquels nos deux compères rivalisent d’ardeur et qui font, par exemple, que l’antisémite patenté Corbyn est accueilli en grande pompe par Mme Obono, par ailleurs admiratrice d’ Houria Bouteldja, ou que le terroriste, membre du FPLP, Salah Hamouri, condamné pour avoir tenté d’assassiner un rabbin et l’avoir reconnu, soit fêté dans la liesse comme un héros et martyr à Roissy par l’état-major au grand complet des Insoumis.
Mais mon propos principal est ailleurs. Pour l’instant, l’alliance objective et même subjective entre cette extrême gauche et l’islamisme tourne à plein régime anti-occidental. Mais il se trouve également qu’au sein de la France Insoumise et de ses alliés prétendument écologistes et assurément gauchistes, le wokisme fait des ravages. Clémentine Autain, Sandrine Rousseau et plus encore Marine Tondelier et Alice Coffin en sont les consternantes illustrations. Pour l’heure, les imams radicaux des quartiers et les Frères Musulmans les supportent en silence, dans tous les sens du terme.
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Et de l’autre côté, chose encore plus insupportable, nos féministes si intransigeantes envers le mâle blanc, nos partisanes du transgenrisme et de la GPA ne réagissent jamais à l’encontre des violences contre les homosexuels dans les quartiers et même pire encore lorsqu’une Shahina est brûlée vive par son Omar de compagnon.
Mais faisons, si mon lecteur le veut bien, un peu de politique-fiction. Je le fais bien volontiers car c’est la prochaine thématique de mon ouvrage en devenir. Supposons qu’une guerre civile éclate.
Il est des suppositions encore plus fantaisistes ; et qu’un parti d’extrême gauche s’empare du pouvoir par la force de la rue. Supposons, toujours dans ce cadre fictionnel apocalyptique, qu’une partition du pays s’opère, notamment en Seine-Saint-Denis. Qu’adviendra-t-il de notre alliance oxymore ? Dans le meilleur des cas, notre nouveau pouvoir accordera un moratoire à la République Islamique qui voilera les femmes et interdira l’homosexualité.
Je ne suis pas certain que l’alliance contre nature se termine dans l’amour.
Mais pour l’heure, et loin de mes élucubrations ou de mes prophéties, je suis bien certain que l’alliance de la faucille et du croissant tiendra le temps qu’il faudra pour faire notre malheur.
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