Au prétexte de vouloir notre bien, l’Etat offre des cadeaux à ses citoyens qui coûtent cher au contribuable. En outre, la prolifération des nouvelles subventions pénalise les entreprises et les empêche de mieux récompenser leurs salariés. Le billet de Sophie de Menthon.
L’État bienfaiteur nous envahit de plus en plus au prix de nos libertés. Il n’hésite pas à toucher même à nos vacances. Il est difficile de revendiquer le libéralisme quand on vous explique que seul l’État nounou peut prendre soin de vous. Or, le libéralisme économique, c’est avant tout la liberté, et cette liberté se réduit comme peau de chagrin. Prétextant notre bien, l’État nous prive de la liberté d’entreprendre et d’agir à tous les niveaux, de la gestion de nos finances à notre vie personnelle.
Réjouissez-vous bonnes gens ! Il n’est pratiquement pas de semaine sans que l’on nous fasse des cadeaux, que nous payons par ailleurs au prix cher puisqu’ils sont le fruit de tous les prélèvements qui ruinent notre pays, à petit feu. Un cercle vicieux dont nous ne sortons pas. Plus l’État dépense pour les consommateurs, plus il prélève ailleurs, et le « ailleurs » c’est évidemment dans la seule source de richesse : les bénéfices des entreprises.
La France et ses colonies – de vacances
Arrêtons de raisonner en termes de « redistribution », c’est une aberration économique et même sociale. Mais rien n’y fait. Sitôt promue ministre des Solidarités et de la famille, Aurore Bergé a souhaité faire son petit cadeau d’entrée au ministère. En quelques jours elle nous a concocté et offert le « pass colo », une aide pour partir en colonie de vacances, au mois de juillet, c’est idéal, même si c’est pour l’année prochaine. Évidemment, il est difficile de s’opposer à une nouvelle subvention quand cette dernière contribue à ce que les enfants puissent partir en vacances. Pourtant, le raisonnement justifiant cette mesure est biaisé et évite de se poser les vraies questions. D’abord, les bénéficiaires sont censés être les familles les plus « fragiles » ? Mais fragiles en quoi ? « Et les enfants des classes moyennes ». Qu’est-ce que la classe moyenne aujourd’hui ? En faire partie sous-entendrait qu’on ne peut pas envoyer ses enfants en colonie de vacances ? C’est grave. Le montant d’aide serait de 250 à 300 euros par enfant, une somme attribuée sur des critères déjà compliqués et forcément discutables, voire discriminatoires : il faut un plafond de ressources de 4000 euros maximum et dont l’attribution forcément va nécessiter une bureaucratie supplémentaire… mieux, cette aide s’adressera aux enfants de 10 et 11 ans, leur offrant « une expérience collective qui prépare au collège ». Les parents ne sont donc pas capables de faire vivre une expérience collective à leurs enfants ? Et allez donc expliquer cela aux frères et sœurs de 9 ans et de 12 ans. Mais il parait que la ministre n’est pas opposée à ce que cela s’étende à une autre tranche d’âge par la suite.
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Certes, l’effet d’annonce est gratuit et on peut se rassurer en estimant que ce ne sera pas voté. Ce serait presque drôle si ce n’était affligeant. Les comités d’entreprises sont là pour donner des avantages à leurs salariés, et s’y emploient remarquablement, surtout dans les moyennes et grandes entreprises, mais il existe une véritable hostilité étatique à l’idée que l’entreprise puisse faire mieux ce que l’État fait n’importe comment.
Un soutien au pourvoir d’achat qui coûte cher
Est-ce que quelqu’un au gouvernement va enfin faire arrêter ces mini gabegies qui nuisent paradoxalement au pouvoir d’achat des Français ? Le vrai objectif devrait être d’enrichir les salariés et pas de leur faire l’aumône. Pour les enrichir il faut que les entreprises aient les moyens d’augmenter les salaires et pour cela il faut absolument que les prélèvements baissent. Nous sommes le pays du monde où la différence entre la somme versée par l’entreprise et celle qui se retrouve dans le revenu net du salarié est la plus importante. Le pourcentage de charges patronales en 2022 s’élève en moyenne à 30 % du salaire brut perçu par le salarié (il varie de 25 à 42 %). Un taux auquel il faut également soustraire 22% à 25 % de charges salariales pour obtenir le salaire net du salarié. Pour comble, les dirigeants politiques ont le toupet de sommer les entreprises d’augmenter des salaires que l’État lui-même ampute. Leur but est de s’attribuer le faux mérite de toutes ces formes de redistribution, parfois grotesques comme la subvention pour réparation des accrocs de nos vêtements ou le ressemelage de nos chaussures… Quelle ne fut pas la stupéfaction d’un chef d’entreprise, aidant sa mère à faire dépanner sa machine à laver, d’apprendre que sur les 85 euros dus au dépanneur, 25 euros seraient remboursés par le gouvernement ? (Vérification faite : sur le site du gouvernement, pour la réparation d’une machine à laver la vaisselle, 20% sont pris en charge par l’État). De tels cadeaux, justifiés par l’écologie vue par le petit bout de la lorgnette, se multiplient, se recoupent et se contredisent. L’État donnera des aides aux secteurs en difficultés, comme le textile et le prêt à porter qui vont mal, mais en expliquant bien aux consommateurs qu’il ne faut plus acheter leurs produits puisque l’on subventionne les réparations des vieux vêtements. Kafka lui-même n’aurait pas osé imaginer de telles absurdités…
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Dans la longue liste de la course à l’absurde, le Conseil Constitutionnel a ajouté une touche originale : un squatteur peut attaquer le propriétaire en justice s’il juge que le bien immobilier qu’il occupe illégalement est mal entretenu. Il vaut mieux être squatteur que proprio, tenez-le-vous pour dit, car le squatteur est un économiquement faible qu’il faut protéger contre le propriétaire forcément nanti.
Suite à la prochaine bonne œuvre…
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