Le musée Granet d’Aix-en-Provence présente une quarantaine de peintures caravagesques du XVIIe siècle. Ces chefs-d’œuvre issus de la collection de Giuseppe De Vito, amateur clairvoyant, dévoilent le grand jeu de l’érotisme et du tragique de l’école napolitaine.
Le sombre zénith de la peinture italienne
La collection De Vito comporte 74 œuvres, souvent majeures, dont 40 sont présentées à Aix-en-Provence après l’avoir été à Dijon. C’est assez pour entrer dans l’univers de la peinture napolitaine du début du XVIIe. L’immersion a de quoi marquer. Il y a d’abord le jeu des lumières. Dans une même peinture contrastent violemment des clartés incandescentes et des zones sombres, voire noires. Ce qui trouble le spectateur, c’est surtout la manière dont la lumière détache des fragments de corps ou d’objets, alors que le reste se perd dans une ombre commune. Les peintres de cette mouvance ont un sens aigu du tragique, c’est-à-dire des contrastes de la vie : des femmes aux chairs sublimes sont confrontées aux pires souffrances, la grossièreté côtoie la délicatesse, les loques tutoient les taffetas…
Cette peinture n’a rien d’allégorique, de maniéré ou de distancié. Elle est, au contraire, servie par un fort réalisme : ici, un saint a les pieds sales ou les mains calleuses, là, un philosophe a la peau terriblement plissée et pendante, chose en laquelle Ribera
