Le gin mêle aux saveurs du genièvre un lointain parfum d’empire britannique. Associé à du tonic, c’est un cocktail universel. De part et d’autre de la Manche, des distilleries artisanales redonnent ses lettres de noblesse à cet alcool fort et délicat. Un véritable travail d’orfèvre.
« Les plaisirs simples sont le dernier refuge des êtres compliqués. » Oscar Wilde.
On peut aussi aimer l’alcool par l’imagination avant même d’en avoir bu. En juillet 1983, l’auteur de ces lignes avait 15 ans et s’ennuyait à Folkestone, où on l’avait envoyé parfaire son anglais dans une famille d’accueil qui lui donnait à manger du foie bouilli au ketchup devant la télévision. Le soir, dans sa chambrette, il rêvait aux belles Cubaines en se plongeant dans Îles à la dérive d’Ernest Hemingway. L’un des charmes de ce roman méconnu tient à ce que son héros, le peintre Thomas Hudson, se livre chaque soir au rituel du gin tonic, dont je me demandais quel goût il pouvait bien avoir.
Le gin tonic, une sensation de fraîcheur incomparable
« — Tom, est-ce que tu aimes vraiment le goût de ce truc ? lui demanda Bobby [le patron du bar]. — Bien sûr. Sinon je n’en boirais pas. — Les gens sont vraiment fous, dit Bobby. Un homme peut boire tout ce qu’il veut. Il a de l’argent pour payer. Il est censé se faire plaisir et il gaspille du bon gin en y mettant
