Un impressionnant dispositif policier va être déployé dès ce soir. Mais, de nombreux citoyens seront privés de festivités pour la fête nationale. Pour les protéger, le gouvernement barricade la France. Le commentaire d’Elisabeth Lévy.
C’est la fête au village…
La France s’apprête à célébrer un étrange 14 juillet. On dirait que le pays se prépare à une invasion barbare plutôt qu’à une joyeuse célébration. Il n’est question dans nos journaux que de festivités annulées, de forces de l’ordre mobilisées et de mesures de sécurité. Beaucoup de communes, qu’elles aient été frappées par les émeutes il y a quelques jours ou non, renoncent aux bals et aux feux d’artifice. Par exemple, Montargis (45) est encore « groggy », selon son maire Benoît Digeon (LR). La ville a été dévastée. « Quand on a un deuil, on ne va pas en boîte de nuit le lendemain », dit-il à France Info. Plusieurs villes de région parisienne craignant un afflux de « visiteurs » extérieurs ont fait de même. Une mobilisation policière exceptionnelle est prévue, autant qu’au plus fort des émeutes. Sur deux jours (le 13 et le 14), 130 000 policiers seront mobilisés, soit 45 000 sur le terrain en permanence, avec l’appui du RAID, du GIGN et de la BRI, excusez du peu – franchement, il ne manque que les « paras » ! Bus et tramways seront arrêtés à 22 heures partout, et à 21 heures à Paris. Pour aller casser, il faudra être motorisé. La vente des articles de pyrotechnie restera interdite jusqu’à samedi midi. 150 000 mortiers ont d’ailleurs déjà été saisis. Un utilisateur de Twitter a très bien résumé cette situation : «Ils sont à deux doigts de mettre un couvre-feu pour le 14 Juillet. On ne peut plus rien célébrer dans ce pays. »
Que penser de ce dispositif et de ce climat ?
Selon le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, qui est un peu notre boussole qui indique le Sud, il n’est pas question que « le jour où l’on célèbre la France s’efface derrière quelques milliers d’émeutiers ». Sauf que c’est exactement ce qui se passe ! Si l’on en croit Pierre Brochand, ancien patron de la DGSE qui n’a pas la plume dans la poche, il ne s’agit pas de quelques milliers mais de 100 à 200 000 Français qui n’ont qu’une idée : gâcher la fête. C’est une tradition, on le sait : les quartiers célèbrent le 14 juillet et le 31 décembre par des violences.
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On s’y est habitués. Et l’État a peur. Il a peur des racailles, ce qui explique la répugnance de nos dirigeants à recourir à la force (le monopole de la violence revient de fait aux vandales). Le gouvernement a aussi peur du qu’en dira-t-on, de ce qu’on va dire de lui à Bruxelles, des accusations de racisme dans la presse américaine ou sur France inter, ce qui l’empêche de nommer ce qui se passe – une sécession culturelle. Citons de nouveau Pierre Brochand, il parle d’une « révolte contre l’État-national français d’une partie significative de la jeunesse d’origine extra-européenne ». Mais comme nos dirigeants ont peur d’en parler, ils évoquent les problèmes familiaux et les jeux vidéo… Elisabeth Borne a promis des moyens massifs pour « protéger les Français » : comme on ne peut pas faire respecter la loi, on se barricade. Pierre Brochand espère sans y croire que l’événement créera le sursaut. Le plus probable, c’est que le déni continuera. On réparera les dégâts, ou on se félicitera qu’il y en ait eu moins que prévu. Et on se remettra vite à chanter les richesses de la diversité et les beautés du vivre-ensemble sur les ondes…
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