Les récents propos de Pap Ndiaye à l’encontre de CNews et d’Europe 1 sont aussi inacceptables politiquement qu’erronés intellectuellement, contraires même à l’élémentaire esprit de tolérance au sein de toute démocratie digne de ce nom, dénonce cette tribune.
« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire » : cette célèbre assertion que les annales de la philosophie comme de la littérature françaises prêtent volontiers au grand Voltaire, illustre représentant de l’esprit des Lumières, auteur de l’insigne Traité sur la Tolérance au temps de l’obscure affaire Calas, semble échapper, à l’évidence, à Pap Ndiaye, qui pourtant, par son actuelle fonction gouvernementale de Ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse, devrait, plus que quiconque, la connaître, en en faisant même, quant au respectueux débat d’idées au sein de toute démocratie digne de ce nom, un des piliers les plus exemplaires, aussi précieux qu’inaliénables, de la République.
Liberté de parole, de pensée, et de conscience
Car cet éminent principe voltairien, gage de liberté de parole, comme de pensée ou de conscience, Pap Ndiaye, dont on a déjà pu constater, en plus de son wokisme caractérisé, les manifestes lacunes (pour ne pas dire « incompétences ») au sein de son ministère, vient en effet de le fouler inconsidérément aux pieds, au prix d’un invraisemblable mépris, de surcroît, pour des millions de téléspectateurs ou d’auditeurs, en taxant une chaîne télévisée telle que CNews ou une station de radio comme Europe 1 proches, croyant les disqualifier ainsi d’autant mieux aux yeux de l’opinion publique, de l’« extrême droite » et, comme telles, réputées « dangereuses » pour l’équilibre démocratique.
Un outrage à la séparation des pouvoirs au sein de toute démocratie digne de ce nom
A cela s’ajoute, peut-être plus grave encore, l’inacceptable fait qu’il soit sorti ainsi, par ces propos aussi caricaturaux qu’excessifs, voire outrageants, sinon calomnieux, de son rôle de ministre, allant même jusqu’à contrevenir dès lors, par la même et indigne occasion, à la nécessaire séparation des trois principaux pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire) au sein de toute démocratie correctement entendue.
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Pis : invoquer en un lieu aussi symbolique que l’Assemblée nationale, et s’abritant pour cela sous l’autorité morale tout autant que l’ombre tutélaire de feu le président Jacques Chirac, le prétendu antisémitisme de ces deux grands médias nationaux (CNews et Europe 1 donc), relève d’une malhonnêteté intellectuelle, tant par sa supercherie que par son inexactitude (pour ne pas dire « contrevérité », voire « mensonge »), dont seuls les adeptes du terrorisme idéologique le plus étriqué peuvent se gausser sans être gênés !
La presse et ses combats les plus nobles : des lumières de Voltaire à l’humanisme de Zola
Entendons-nous, afin de ne point prêter ici le flanc à je ne sais quelle trop facile critique à l’emporte-pièce : je ne connais personnellement aucun des journalistes de ces deux médias, et n’ai même jamais été invité à débattre, sur quelque sujet que ce soit, sur le plateau de CNews ; de même, ne suis-je allé que très rarement, et il y a longtemps déjà, dans les studios d’Europe 1. Mais, enfin, tel n’est pas là, en l’occurrence, la question ! Car, me situant ici en dehors de tout clivage politico-idéologique et prenant par là quelque hauteur de vue, conformément à ces principes universels (la liberté, la justice, la raison, la tolérance, les droits de l’homme) dont j’ai modestement fait mon lot philosophique, c’est le pluralisme des opinions, la liberté d’expression et le débat d’idées que je défends ici avant tout, dans le sillage du bel et sain esprit des Lumières donc, au premier rang desquels émerge précisément, pour boucler la boucle, le cher Voltaire !
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Après tout, c’est la presse en ses combats les plus nobles, justement, qui, à l’instar, par exemple, de L’Aurore de Georges Clemenceau lorsqu’elle publia l’admirable et courageux « J’accuse » d’un humaniste tel qu’Emile Zola au temps de la douloureuse affaire Dreyfus, sauva la France, et bon nombre de ses hommes politiques en particulier, du déshonneur, de la compromission et de l’aveuglement dans lesquels elle était, hélas, en train de sombrer, en cette triste époque, aussi misérablement !
Éthique de conviction et éthique de responsabilité
À bon entendeur : méditez donc, Monsieur le maître-censeur Pap Ndiaye, cette humble mais docte morale de l’histoire ; vous en serez grandi, au lieu de vous vautrer ainsi, tout en insultant de la sorte votre propre rang ministériel, dans l’anathème le plus irresponsable, sinon fallacieux, mettant en outre ainsi en péril, surtout en une période aussi troublée que la nôtre au vu des violentes émeutes qui viennent de parsemer nos villes et banlieues, d’innocentes et très professionnelles rédactions !
Car, comme le disait non moins justement, et plus récemment encore, un autre grand penseur, le sociologue Max Weber (que le très lucide Raymond Aron introduisit, à juste titre, en France), il n’est point d’éthique qui vaille lorsqu’à l’éthique de conviction ne se joint pas, impérativement, l’éthique de responsabilité !
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