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Facebook réinvente le genre


Facebook réinvente le genre

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Depuis le 14 février, Facebook a, dans sa version anglaise, intégré 56 options de définition du genre. Selon certains commentateurs américains, Mark Zuckerberg, se serait ainsi plié aux pressions du lobby LGBT. D’autres verront dans cette évolution l’affirmation de l’ambition de Facebook d’être le vecteur de la libre expression de chacun. Reste à savoir si cette avalanche de nouvelles catégories de genre fera des émules dans les textes de loi, et si comme le prédisent certaines associations, elle préfigure la fin du genre binaire, homme-femme.

Autrefois, l’utilisateur n’avait d’autre choix que de cliquer sur « Male » ou « Female » (homme ou femme), comme c’est toujours le cas dans la version française du site. Dorénavant, il existe une troisième possibilité, appelée « Custom », (« personnaliser »), qui ouvre sur un des 56 vocables définissant le genre.

Parmi cette ribambelle de possibilités, on peut citer les classiques: « trans », déclinable en « trans-female », « trans-male » et « trans-person », ou bien « bigender » (Bi-genre). Apparaissent des énoncés plus originaux et inattendus, tels que « non-binary gender » (soit genre non-binaire), « inter-sex », ou encore l’œcuménique « pangender » (du grec pan: tous, « tous genres »). Il est aussi possible de se lister comme n’appartenant à aucun genre, en cliquant sur « neither », (« aucun »), de brouiller les pistes en se déclarant « Gender fluid », voire, de préférer l’option « two spirits », si on « croit en l’existence de deux genres bien distincts, tout en se réclamant des deux, selon les moments » explique Evelyn, une transsexuelle américaine installée à Paris.

Enfin, il conviendra de s’arrêter sur le vocable encore méconnu « cisgender » (déclinable en « cisgender-female », « cisgender-male », mais aussi en « cisgender-woman » et « cisgender-man ») qui devrait faire parler de lui, car il qualifie la majorité de la population ! En effet, le préfixe « cis- » indique une parfaite adéquation entre le sexe déclaré à la naissance du sujet et l’identité de genre de celui-ci telle qu’il la perçoit à l’âge adulte, comme quoi, même les situations sans problème ont trouvé leur dénomination dans le nouveau panel du genre de Facebook.

À la question de savoir si le vocable « cisgender » ne ferait pas double-emploi avec les options originales de « female » et « male » qui subsistent, Florence Bertocchio, porte-parole de l’Inter LGBT, elle même transsexuelle, nous répond que « bien évidemment, une telle batterie d’options a été pensée pour se substituer, in fine, aux catégories binaires et par là-même réductrices d’homme et femme. ». Elle précise aussitôt qu’elle ne souhaite pas elle-même la disparition des genres tels qu’on les connait, mais qu’elle reconnaît leur insuffisance à « cadrer avec la réalité. » Pour la porte-parole, il convient aujourd’hui de « dépasser la binarité » et d’être « prêts à créer encore plus de catégories s’il le faut, pour cadrer avec la réalité ». Bien sûr, elle appelle de tous ses voeux l’arrivée de ces nombreuses options de genre dans la version française de Facebook.

Une fois sélectionnée l’expression correspondant le mieux à son identité sexuelle, l’utilisateur de Facebook pourra choisir le pronom, masculin, féminin ou neutre qui lui fera référence. Au risque de hérisser les cheveux des grammairiens, l’utilisateur pourra opter pour le neutre, que Facebook a choisi de traduire par le pluriel « they », conjugué comme un singulier. Cela donnera lieu à de belles phrases telles que: « Michael posted a picture of themselves. ».

Mais Facebook se joue de la grammaire comme de l’Etat civil. Ce qui compte pour le réseau social n’est pas de cadrer avec la réalité, mais bien de remplir sa mission à savoir, comme apparaît sur sa page officielle consacrée à la diversité : « faire en sorte que l’utilisateur se sente à l’aise et exprime son authentique personnalité. » En couverture de cette page sur la diversité, figure une photo d’un rassemblement de jeunes brandissant des panneaux, aux couleurs de l’arc-en-ciel, indiquant un message clair: « Pride connects us »…



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