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Le migrant est dans le pré

Les élus locaux face à l’immigration: leurres et vérités


Le migrant est dans le pré
Camp de migrants à Nantes, septembre 2018 © SEBASTIEN SALOM GOMIS/SIPA

Installer des migrants dans nos campagnes ? L’idée fait son chemin, jusqu’au sommet de l’État -où certains rêvent de refiler le mistigri migratoire aux collectivités locales. Certains maires ruraux espèrent aussi conjuguer « humanitaire » et « redynamisation » des territoires. Quant à savoir si les habitants sont d’accord, ça peut attendre…


La révélation de l’incendie criminel du domicile du maire de Saint-Brévin-les-Pins, survenu le 22 mars dernier dans le contexte de fortes tensions relatives au projet d’implantation d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) dans la commune, a fait l’objet de vives réactions dans l’ensemble du monde politique et d’un commentaire médiatique soutenu. Outre les condamnations légitimes portant sur l’acte lui-même, il est permis de regretter que le sujet de fond relatif à la gestion territoriale des politiques migratoires ait été abordé à travers le prisme d’un scénario convenu : dans le rôle du coupable principal, un État hypocrite, défaillant pour protéger les élus et assumer les conséquences de sa politique migratoire ; dans le rôle des victimes, consentantes ou non, les élus locaux, leur dévouement au bien commun et à la « solidarité » avec les « exilés »

La mobilisation de ces derniers dans l’accueil des populations étrangères n’est pas un fait récent. Elle débute notamment avec les textes réglementaires et législatifs de 1888, astreignant les étrangers résidant en France à se déclarer auprès de l’autorité municipale. Depuis plus d’un siècle donc, les élus locaux, notamment les maires, s’affirment en tant qu’acteurs des politiques migratoires. Mais comment évaluer leur implication ? Le clivage droite/gauche suffit-il à expliquer les postures des uns ou des autres ?

Dans le contexte de fortes tensions relatives au projet d’implantation d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile, le domicile du maire de Saint-Brevin-les-Pins, Yannick Morez, a été visé par un incendie criminel, 22 mars 2023 (c) OUEST FRANCE/MAXPP

Un mode de décentralisation par l’État, pour l’État…

Retournons en 1982. La grande œuvre de décentralisation du président Mitterrand, récemment élu, est alors engagée officiellement et les collectivités locales se voient attribuer de nouvelles compétences et une autonomie d’action vis-à-vis du préfet. Ces nouvelles attributions semblent exclure toutefois le pré carré du régalien, avec certaines exceptions : police municipale, coopération décentralisée. En revanche, les nouvelles compétences peuvent leur permettre de contribuer indirectement à l’accueil et l’intégration des étrangers, qu’il s’agisse de services (éducation, logement, aide sociale), d’équipement


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Juin 2023 – Causeur #113

Article extrait du Magazine Causeur




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L'Observatoire de l'immigration et de la démographie (OID) a été fondé en 2020 par un groupe de hauts fonctionnaires et de membres de la société civile (entrepreneurs ou simples citoyens). Il se veut une structure d'étude et d’information relative aux évolutions migratoires et démographiques de la France, destinée aux décideurs ainsi qu’à l’ensemble des citoyens intéressés par ce sujet.

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