L’auteur de Paradis y est sans doute – alors que ses contempteurs restent en enfer
Pourquoi se sent-on toujours obligé de dire du mal de lui – même quand on a décidé de faire son éloge ? De ressortir les dossiers que tout le monde connaît par cœur (le maoïsme, Matzneff, les pétitions honteuses, les opportunismes en rafale et souvent à côté de la plaque : Balladur, Ségolène Royal), sans parler de ses innombrables roulades médiatiques où, bien souvent, l’on eut honte pour lui. Comme si le siècle puritain et procédurier l’avait emporté aussi en nous. Sollers ? Coupable !
Non, il faut se reprendre.
Aujourd’hui, il est mort et il nous manque déjà. C’est qu’on l’aura chéri ce Bordelais border line, non-ponctué enfariné, toujours en roue libre – et de fait sachant comme personne s’échapper au bon moment, survivre aux idioties de l’époque comme aux siennes. « Taxi ! » avait-il l’habitude de dire quand on venait l’ennuyer avec des problèmes inutiles, des querelles imbéciles, des explications vaines (« il faut cultiver le meilleur malentendu pour s’entendre », répétait-il). C’est d’ailleurs là où il est le plus fort : dans le large, le vent, l’envol, les mouettes, la pensée délivrée de toutes les idéologies, culpabilités, pesanteurs.
