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Mathilde Panot lance une fatwa contre Le Parisien

La députée du Val-de-Marne est plus attachée au vote communautaire qu'à la laïcité


Mathilde Panot lance une fatwa contre Le Parisien
La députée d'extrème gauche Mathilde Panot, Assemblée nationale, mai 2023 © NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Abayadabra! La députée LFI jette un mauvais sort sur le journal, qu’elle accuse d’islamophobie et de s’attaquer aux femmes…


«  Ma mère, voici le temps venu, d’aller prier pour mon salut, Mathilde est revenue… » Ce mercredi, le quotidien Le Parisien a courageusement consacré une partie de sa une au lancinant problème des abayas, ces tenues portées dans nos établissements scolaires par des élèves qui ne sont pourtant pas censées arborer de tenue religieuse dans l’école laïque.

«  Les incidents liés à cette tenue, dont le port est encouragé par l’islam rigoriste, se multiplient dans les établissements français. Le ministre de l’Éducation a réuni hier les recteurs d’académies » peut-on lire. Les cas se multiplient, oui, et notre ministre de l’Éducation nationale n’en finit pas de recenser (500 cas en mars). Des jeunes filles, sur les réseaux sociaux, incitent d’autres jeunes filles à « porter l’habit ». Les chefs d’établissement, ainsi que les professeurs, se plaignent du manque de directives claires, et craignent qu’on leur fasse « une Samuel Paty »,  mais Mathilde est revenue pour nous faire savoir que tout cela était écran de fumée. Pire, de l’islamophobie qui, de surcroît, ferait vendre.


Mathilde, on vous voit !

Le premier paragraphe de la députée du Val-de-Marne, qui met l’accent sur des problèmes réels, ne pose pas de problème. Ce qu’elle dit existe bel et bien et mérite toute notre attention. Mais ce qui est singulier, surtout de la part d’amateurs d’intersectionnalité, c’est l’opposition des problèmes cités avec un autre qui n’est pas exactement secondaire puisqu’il met à mal la laïcité depuis 1989 (affaire du voile de Creil), et qui confronte depuis cette époque le personnel éducatif à des conflits permanents doublés de menaces. «  Mais le Parisien fait sa Une sur la tenue des femmes musulmanes » écrit ensuite la chef de file de LFI à l’Assemblée, parti qui a toujours récusé les accusations en islamo-gauchisme. Comme si Le Parisien n’avait jamais fait sa une sur autre chose ! Par ailleurs, et surtout, l’amalgame est habile mais un peu trop voyant – une vraie abaya ! Car il ne s’agit pas de la tenue de femmes musulmanes, mais des élèves qui ne sont pas censées apporter de manière aussi massive et ostentatoire leur appartenance religieuse à l’école.

L’ancien professeur que je suis a pu se retrouver à faire cours à des élèves qui avaient, sauf le voile retiré à l’entrée, l’abaya en question, et certaines poussaient même l’observance des règles dites religieuses jusqu’à écrire avec des gants (finement ouvragés par ailleurs) attachés aux manches de l’abaya afin qu’on ne vît pas leurs poignets… À ce stade, je n’avais plus une élève en face de moi, mais une musulmane et qui me le faisait ô combien savoir !

« Bougnat, tu peux garder ton vin, ce soir je boirai mon chagrin, Mathilde est revenue… » Parce que notre Mathilde à nous ne se contente pas de feindre d’ignorer la différence entre élèves et femmes, elle en rajoute une couche en disant que « l’islamophobie fait vendre, surtout quand elle s’attaque aux femmes. »

Ainsi, le tour est joué, l’école est oubliée si tant est elle qu’elle soit jamais apparue dans le tweet, et des femmes musulmanes on passe aux femmes « tout court » ! Et Le Parisien se retrouve à la fois islamophobe et misogyne, et la Mathilde qui est revenue n’a pas l’air de se rendre compte des risques éventuels encourus par ledit journal à partir d’une telle accusation. Je ne sais pas quelle religion ou non religion pratique Mathilde Panot, mais quelle qu’elle soit, elle est de mauvaise foi. Sacrée Mathilde, puisque te v’là.

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Professeur de lettres modernes à la retraite, ayant enseigné dans le 93.

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