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À quoi pense Charles de Courson en se rasant?

C’est la bête noire d’Elisabeth Borne


À quoi pense Charles de Courson en se rasant?
Assemblée nationale, 20 mars 2023 © ACCORSINI/WITT/SIPA

Sauf ultime rebondissement concernant une éventuelle « irrecevabilité financière », l’Assemblée nationale devrait se pencher le 8 juin sur une proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites déposée par le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT). Portée par Charles de Courson, elle donne des sueurs froides à la macronie, qui tente évidemment d’empêcher le débat de reprendre. 


Qui est Charles de Courson, ce député qui déclarait ce weekend, sur France 3, que « [son] ambition est de mettre fin à ce déni de démocratie » ? Si elle était votée par une majorité de députés, sa proposition de loi pourrait faire tomber le gouvernement impopulaire de la Première ministre Elisabeth Borne ! Cela reste peu probable, disons-le tout de suite. 

Jugée par la population, les principaux syndicats et par une majorité de députés présents à l’Assemblée nationale comme étant injuste, inutile et impopulaire, la loi de réforme des retraites, qui prévoit de reculer l’âge de la retraite à 64 ans, a cristallisé le débat politique en France. L’entêtement du gouvernement de la Première ministre Elisabeth Borne, à ignorer une vox populi en colère, a jeté des centaines de milliers de Français dans la rue durant plusieurs semaines. Accompagnées de violences régulières orchestrées par des groupes de l’ultra-gauche, les manifestations ont été réprimées tout aussi durement par un gouvernement qui a préféré déclencher en mars dernier l’article 49.3 de la Constitution privant ainsi le Parlement de tout vote après les débats. Une adoption au forceps qui n’a pas calmé la colère des Français, épuisés par une inflation galopante, dans un pays déjà la proie d’une crise sociale et identitaire.

Petit mais costaud

C’est dans ce contexte que le plus petit groupe politique de l’Assemblée nationale a décidé de se lancer dans un bras de fer avec le gouvernement. En déposant une proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites, dont l’étude est prévue le 8 juin prochain, le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT), composé de 21 députés, espère bien faire tomber le gouvernement actuel si la proposition recueille une majorité de votes au sein de l’hémicycle. 

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Élu dans la Marne sans discontinuer depuis trois décennies, Charles Buisson de Courson est le député qui porte haut l’oriflamme de cette contestation parlementaire. Porté sur un piédestal par ses collègues de l’opposition, il est devenu une épine dans le pied du gouvernement qui tente d’empêcher le débat à venir. Sur les plateaux de télévision, il se démène sans compter afin d’expliquer pourquoi LIOT a décidé de poursuivre le combat. Il résiste aux attaques de Renaissance, le parti du président Emmanuel Macron, avec un flegme qui décontenance même ses adversaires. Une force tranquille qui refuse de céder à la moindre pression (sa permanence a été l’objet de dégradations par deux fois). 

Fidèle à ses convictions, le député s’inscrit dans une lignée d’ancêtres dont le destin s’est mêlé aux grandes heures de la politique française. Parmi lesquels on peut citer les marquis Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau (qui vota la mort du roi Louis XVI, pour son plus grand malheur puisqu’il sera assassiné pour ce régicide) et Léonel de Moustier (qui refusera d’accorder les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, et deviendra un célèbre résistant qui sera déporté et qui décédera dans un camp de concentration en 1945).

Borne rappelle à la gauche que ce n’est pas franchement un progressiste

Le 28 mai, interviewé sur le plateau de France 3, Charles de Courson déclare « mon ambition est de mettre fin à ce déni de démocratie ». Il avertit que « le gouvernement finira par être renversé s’il continue de se comporter comme s’il était majoritaire ». « Le gouvernement et la minorité présidentielle font tout pour qu’on ne vote pas le texte, on voit bien qu’ils sont inquiets » renchérit-il. Au sein du parlement, les échanges entre le camp présidentiel (251 élus) et le représentant de LIOT sont tendus, comme en témoigne l’attaque ad hominem de la Première ministre Elisabeth Borne qui n’a pas hésité à rappeler que le député avait été un opposant au mariage pour tous. Comme si c’était interdit ! Ou encore la récente passe d’armes entre Aurore Bergé et Charles de Courson à l’Assemblée nationale. La présidente du groupe Renaissance a appelé ses troupes à faire bloc contre la proposition, remettant même en question la recevabilité de celle-ci. Bien que très relative, la majorité présidentielle a rameuté le ban et l’arrière-ban de ses ministres afin d’arguer, à qui veut l’entendre, que cette proposition d’abrogation est inconstitutionnelle et qu’en cas d’adoption de la loi, elle brandira l’article 40 de la Constitution « qui dispose que les propositions et amendements des parlementaires ne sont pas recevables s’ils entraînent une diminution des recettes ou un alourdissement des charges publiques » comme le rappelle France Inter dans une de ses éditions. Un argument que balaye aisément Charles de Courson qui met en avant les principaux points de sa proposition : appel à l’organisation d’une « conférence de financement pour garantir la pérennité de notre système de retraite » et compensation de « la charge pour les organismes de sécurité sociale par la majoration de l’accise sur les tabacs ».  

Une proposition qui a déjà les (239) voix acquises de la Nupes et du Rassemblement National (RN) assure Charles de Courson. Tout à son heure de gloire, très optimiste, il appelle Les Républicains (LR) « à faire preuve de courage afin de sortir de la crise politique et sociale ». Avec seulement 25 députés favorables à la loi sur les 62 que compte LR, les quatre députés non-inscrits, les potentiels abstentionnistes de Renaissance (qui pourraient, qui sait, ne pas voter afin de garantir leurs chances de réélection aux prochaines élections législatives) et un texte qui n’aura besoin ici que d’une majorité simple pour être adopté, les jours du gouvernement pourraient être comptés. Fin mars, une motion transpartisane déposée par le groupe LIOT avait déjà rassemblé 278 voix sur une majorité requise de 287 voix.




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Journaliste , conférencier et historien.

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