Pourquoi un tel vacarme ? Ne s’agirait-il que d’un énorme malentendu ? D’une paranoïa ? Bref, d’une invention sans plus de fondement que le protocole des sages de Sion ?
C’est ce qui se dit du côté des défenseurs des études de genre. Tout ce monde jure que la théorie du genre n’existe pas, et qu’il n’existe que des « études de genre ».
Selon Anne-Emmanuelle Berger, directrice de l’Institut du genre, créé par le CNRS, qui fédère la recherche dans ce domaine, le genre est seulement un concept utilisé dans les sciences sociales et qui désigne « tout ce qui, dans la construction de l’identité dite sexuelle et dans la formation de la division entre les sexes, relève de mécanismes d’ordre social et culturel ».
Tous ces gens sont honorables, mais il faut tout de même rappeler qu’un concept n’existe qu’à l’intérieur d’une théorie. Le concept de genre ne fait pas exception. Il appartient à une théorie qui s’oppose – à juste titre- à la théorie d’Aristote selon laquelle le rôle social des femmes était entièrement fixé par la nature, c’est-à-dire par leur corps.
Tant que cette théorie non naturaliste du genre se contente d’affirmer le rôle de la causalité sociale et culturelle, elle est une théorie scientifiquement exacte et politiquement utile.
Et ceux qui la défendent sont des gens honorables.
En revanche, une théorie du genre qui serait purement culturaliste, qui réduirait la différence entre les identités sexuelles des femmes et des hommes à une construction sociale et culturelle, celle-là serait une théorie réductionniste, et donc erronée. Si elle existait, elle serait gravement fautive, et dangereuse, en ce qu’elle nierait la causalité des corps, la causalité de la différence biologique entre les corps des femmes et des femmes dans leurs identités respectives.
Mais on nous assure que cette théorie n’existe pas, et ceux qui disent cela sont des gens honorables.
Je peux donc la charger, sans craindre de froisser des gens honorables.
Si cette théorie purement culturaliste et sociale ne voyait dans cette construction des identités sexuelles sans fondement biologique qu’un moyen de justifier la domination masculine, elle serait une théorie idéologique au service de l’égalité par l’indifférenciation.
Si elle existait, cette théorie du genre serait déconstructionniste jusqu’au bout. Elle n’hésiterait pas à affirmer, par exemple, que la différence entre une mère et un père n’est qu’une construction sans base biologique, qu’ils sont interchangeables, puisque « l’instinct maternel n’existe pas », et donc qu’un enfant ne perd rien à être élevé par deux pères et sans mère.
On est content d’apprendre que cette théorie-là du genre n’existe pas, que personne ne la défend, et qu’elle n’influence en rien et jamais certaines études de genre.
*Photo : mrjorgen.
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