D’aucuns estiment que l’émission humoristique, qui va être déprogrammée de la grille de rentrée de France inter d’Adèle Van Reeth, est victime d’une censure… Pourtant, la nouvelle directrice de la station assure que «France Inter n’est ni de droite ni de gauche».
Dans le studio, ça chougne, ça couine, ça ronge son frein, ça ricane bruyamment pour surmonter l’épreuve mais le cœur n’y est plus…
N’ayant toujours pas digéré son limogeage de la grille quotidienne de France Inter, la bande à Charline envoie des scuds à son employeur, aux Français qui votent mal, à « l’extrême droite » qui est partout, à Bruno Le Maire que Guillaume Meurice, avec l’élégance qui le caractérise, apostrophe : « Tu prends tes affaires et tes livres à la con, et tu te casses. » Bref, “c’est encore nous”, c’est encore pire.
Waly Dia dit « kiffer » la situation: il a maintenant un « statut de martyr » officiel et peut jouer le « Malcolm X partout ». « 80 % de la diversité de France Inter part d’un seul coup », déclare le trublion en faisant référence aux origines belges ou africaines de certains ricaneurs de l’émission de France Inter qu’il renomme « la station Blanche Inter ». Tout cela est dit sur le ton de l’humour et se veut drôle. Comme cela ne l’est pas, Charline et sa bande s’esclaffent à chaque syllabe, histoire de rappeler à l’auditeur étourdi que cette émission est une émission hu-mo-ris-ti-que. Le 11 mai, humoristique, elle l’a été assurément: un chroniqueur dénommé Thomas Bidegain a qualifié le plus sérieusement du monde Charline Vanhoenacker de… « héros du peuple », un héros ayant su « rencontrer, séduire, faire rire et faire réfléchir » le peuple français. L’humour involontaire est décidément le plus drôle.
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CNews et Valeurs actuelles empêchent la bande à Charline de dormir
Un autre jour, Roukiata Ouedraogo, une « humoriste » de la bande à Charline qui se vante d’avoir un accent africain qui « raye les oreilles de Zemmour et des Zemmouriens », dit ne pas comprendre la décision de France Inter : après chacun de ses spectacles, affirme-t-elle, des gens viennent la voir pour lui dire que “C’est encore nous” est une « vraie respiration, surtout dans un paysage médiatique grignoté par l’extrême-droite ». Mme Ouedraogo et son public ont raison : il est évident que, dans ce pays, les médias pluralistes que sont Libé, Télérama, L’Obs, Le Monde, France Inter, France Info, France Culture, France 2 et France 5 ne pèsent plus rien face à la terrifiante machine médiatique de « l’extrême droite » représentée par les propagateurs de « l’idéologie néo-nazie » que sont, selon Marine Tondelier, CNews et Valeurs actuelles. La présidente d’EELV préconise que l’Arcom se penche un peu plus sur CNews et propose que l’hebdomadaire ne reçoive plus de subventions publiques. Oui, bon, il y a plus de chroniqueurs de gauche sur CNews que de chroniqueurs de droite sur la totalité du service public et Valeurs actuelles ne reçoit plus aucune subvention publique depuis 2015 mais, que voulez-vous, depuis que Pap Ndiaye a comparé l’hebdomadaire au journal collaborationniste Gringoire, tout le monde y va de ses mensonges sous un déluge de points Godwin – ça tombe comme à Gravelotte.
À ce propos, la plateforme mélenchoniste “Le Média” a reçu Jean-Baptise Rivoire, ancien journaliste d’investigation de Canal + qui avait sûrement du temps à perdre puisqu’il a fait, à propos de la mise au placard de Charline et sa bande, une « enquête sur les coulisses d’une censure ». Ce journaliste ne nous apprend rien sur les possibles motivations politiques qui ont guidé la décision d’Adèle Van Reeth, la directrice de France Inter. Mais – attention, nouveau point Godwin en approche – tandis que Jean-Baptiste Rivoire s’alarme sur le fait qu’en arrêtant cette émission la direction de France Inter préparerait l’arrivée du RN au pouvoir, le journaliste du Média assène : « C’était un des derniers bastions ». On croit rêver. Et le meilleur est à venir. Jean-Baptiste Rivoire dit être effrayé: « Je ne sais pas ce que la direction de France Inter aurait fait en 1942 en France, mais ça m’inquiète carrément. » Donc, d’après ces deux journalistes, le studio de l’émission déchue était en réalité un repère de maquisards médiatiques, le refuge des derniers résistants contre une extrême droite pétainiste sournoisement soutenue par la direction collaborationniste de la station publique. Chère Madame Van Reeth, ne cherchez pas plus loin le duo de comiques qui pourra, à lui tout seul, remplacer toute la bande à Charline…
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Une pétition à succès
Comme il arrive parfois au malade à qui on apprend que ses jours sont comptés, la bande à Charline se venge du sort qui l’attend en distillant son amertume et son aigreur derrière des ricanements de plus en plus jaunâtres. Guillaume Meurice, qui est à l’humour ce qu’Annie Ernaux est à la littérature, ridiculise à jet continu les Français en sélectionnant les propos les plus bêtes extraits de ses pitoyables micro-trottoirs ; Aymeric Lompret grasseye des blagues de fin de banquet d’extrême gauche avec sa vulgarité habituelle ; l’insignifiant Frédéric Fromet – celui-là même qui avait chanté que « Jésus est pédé » puis s’était excusé auprès de « la communauté LGBT » mais pas auprès des catholiques, faut pas exagérer quand même – donne des leçons de morale en gratouillant sa guitare. Chacun s’efforce de rire plus haut que son voisin. On se congratule, on se félicite mutuellement, on s’applaudit – tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir ; on escompte peut-être que la direction de la radio va revenir sur sa décision. Entre deux chroniques, Charline Vanhoenacker informe d’ailleurs les auditeurs que la pétition demandant le maintien de l’émission « a dépassé les 160 000 signatures ! » France Inter a tenu à publier sur son site quelques courriers d’auditeurs courroucés par la décision de la direction : « L’arrêt de “C’est encore nous ” c’est un des rares poil à gratter qui nous aidait à réfléchir les yeux ouverts sur le lendemain encore possible », écrit l’un d’eux, chagriné au point de ne plus pouvoir écrire une simple phrase de protestation en français. D’autres disent leur tristesse et leur déception de voir leur radio changer. Si je le pouvais – je veux dire par là si j’écrivais pour Libé, journal auquel certains d’entre eux sont sans doute abonnés et dans lequel ils auraient pu alors me lire – je rassurerais ces auditeurs : je ne crois pas un seul instant au changement fondamental de France Inter. Cette radio, politiquement de gauche, wokiste, immigrationniste et européiste, va rester, avec ou sans ces humoristes pas drôles, un des piliers médiatiques de la gauche libertaire, diversitaire et progressiste. Il suffit de regarder la composition journalistique de la matinale ou le nom des invités dans les émissions quotidiennes de propagande pour n’avoir aucun doute à ce sujet. Le pluralisme ne fait pas partie des qualités de l’audiovisuel public et France Inter ne fait pas exception à la règle, bien au contraire. La récente déclaration de la directrice de France Inter au Monde a déclenché l’hilarité générale: « France Inter n’est ni de droite ni de gauche ». L’émission de Charline Vanhoenacker, sous couvert d’impertinence rigolarde, n’était globalement qu’une tribune politique proche de la gauche radicale, et Guillaume Meurice et sa détestation des « beaufs » Français supposément racistes et fascistes en était la caricature. Il est possible que notre président jupitérien, après avoir goûté l’appel des humoristes de France Inter à voter pour lui afin de faire « barrage à l’extrême droite », ait eu de plus en plus mal à digérer les sempiternelles piques des mêmes humoristes contre le gouvernement. Peut-être a-t-il fait savoir à la direction de France Inter son agacement, appelons ça comme ça. Après l’annonce officielle du retrait de l’émission, enjoué, il aurait avoué à sa femme, en imitant l’accent teuton de Théo (Horst Frank) dans “Les tontons flingueurs” : « Je ne te dis pas que ce n’est pas injuste, je te dis que ça soulage. » C’est vrai que ça soulage – et quand on entend Guillaume Meurice ou Aymeric Lompret cracher sur les Français qui ne pensent pas comme eux et les traiter de « gros cons » ou de fachos, on se dit que ce n’est peut-être pas aussi injuste que ça.