Elisabeth Lévy se réjouit de l’offensive de LR sur l’immigration. Eric Ciotti aimerait que la France s’inspire du Danemark sur cette question. Le parti, hier divisé sur la réforme des retraites, joue ici sa survie politique et veut forcer la majorité macroniste à se positionner sur ses propositions.
Les propositions des Républicains sur l’immigration sont-elles crédibles ? On peut, comme Ivan Rioufol, ironiser sur cette droite qui découvre la lune. Mais, c’est finalement préférable au déni et à la soumission au terrorisme intellectuel de la gauche, laquelle empêche depuis 30 ans la droite de satisfaire ses électeurs sur ce sujet. Comme nous le savons, il ne fallait pas « faire le jeu du FN ». Oui, bien sûr, cette droite a ânonné que l’immigration était une chance-pour-la-France. Mais alors que la macronie patauge, écartelée entre les électeurs et les bons sentiments, on ne va pas se plaindre de cette prise de conscience, aussi tardive soit-elle.
Vers l’immigration presque-zéro
On peut aussi, comme Éric Zemmour, trouver que cette droite manque d’ambition, puisqu’elle continue à expliquer que l’immigration zéro est un fantasme et qu’il faut une immigration « choisie ».
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Avec les millions d’immigrés clandestins déjà présents sur notre territoire et les descendants d’immigrés qui ne s’intègrent pas et s’assimilent encore moins (la conséquence de 40 ans d’errements), relancer la machine à fabriquer des Français est déjà un défi considérable. Les Français veulent qu’on arrête les flux. On n’arrivera peut-être pas à l’immigration presque-zéro. Mais cela devrait être l’objectif.
Ces projets sont-ils de la poudre aux yeux ?
Non! Peut-être Eric Ciotti (le président de LR), Bruno Retailleau (le chef des sénateurs LR), et Olivier Marleix (le chef des députés LR), ne vont-ils pas assez loin, mais ils proposent tout de même l’essentiel: permettre à la France de recouvrer sa souveraineté en donnant au parlement la possibilité de contrer une législation européenne ou internationale contraire à nos intérêts nationaux. Traduction: que cela plaise ou pas à M. Scholz, nous avons le droit de décider qui nous accueillons ! Je concède que l’idée d’inscrire l’assimilation dans la Constitution ressemble à une proclamation d’intention pour se faire plaisir.
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En revanche, plusieurs mesures de bon sens figurent dans ces deux textes de loi proposés par LR. 1) Le rétablissement du délit de séjour irrégulier. Une loi que l’on peut transgresser sans conséquences, on ne voit pas très bien à quoi cela sert ! 2) Il n’y aura plus une seule prestation sociale pour les clandestins, plus de « pompe aspirante ». Cette seule mesure devrait dissuader pas mal de candidats… 3) L’examen des demandes d’asile à l’étranger. 4) Quant au rétablissement de la double-peine et l’expulsion des clandestins avec mesures de rétorsions: attendons de voir.
En supposant qu’on parvienne effectivement à stopper ou à réduire drastiquement les arrivées, il n’est cependant pas sûr que cela suffise à enrayer le changement démographique et le glissement de la France vers le multiculturalisme.
Mais, alors qu’on nous serine depuis des décennies qu’en matière migratoire la France ne peut rien seule et que les migrants viendront de toute façon, les dirigeants de LR, qui jouent sur ce dossier leur survie, nous disent : oui, c’est possible, nous pouvons contrôler nos frontières. Et ça, c’est une révolution copernicienne.
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
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