Médine, le rappeur qui veut «crucifier les laïcards» à l’Armada? Des étudiants protestent.
Dans quelques jours, à Rouen (76), à l’occasion de la 8e édition de l’Armada, les quais de Seine vont revêtir leurs habits de fête. Si l’amarrage des navires civils et militaires du pont Guillaume-le-Conquérant au Musoir promet une grande liesse populaire, la programmation d’un concert risque de venir rompre l’harmonie du moment.
S’il n’existe nul arbitre des élégances et qu’il n’appartient à personne de juger des opinions des artistes conviés par la Région Normandie, la présence de l’un d’eux, Médine, interpelle néanmoins. En effet, concernant les valeurs de la République, le rappeur havrais présente de nombreuses contre-indications. Le diagnostic est clair.
Mauvaises fréquentations
Outre l’affirmation de sa religion musulmane et la promotion du voile islamique, Médine appelle dans un album intitulé “Jihad” à crucifier les laïcards (“Crucifions les laïcards comme à Golgotha !”) et “scier l’arbre de la laïcité”. Lorsqu’il affirme se “suffir à Allah” et ne pas avoir besoin qu’on le “laïcise”, le rappeur exprime on ne peut plus clairement son désamour pour la laïcité. Ainsi, ce dernier n’hésite pas à qualifier le président d’honneur et recteur honoraire de la Grande mosquée de Paris de “collabeur”, lui reprochant de prôner un islam « du juste milieu », tolérant et respectueux des règles de la société française. Pire, dans une métaphore qui n’échappe à personne, celui qui se qualifie lui-même “d’islamo-racaille” minimise les attentats islamistes et rejette la faute sur la France: “Quand t’allumes un feu, ne dis pas c’est la faute aux allumettes’”.
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D’ailleurs, Médine ne cache pas ses liens avec l’association proche des Frères musulmans, Havre de savoir, qui participait, en 2012, à la diffusion d’une tribune défendant la présomption d’innocence pour Mohamed Merah. Au contraire, il participe aux conférences du prédicateur Tariq Ramadan et d’Hassan Iquioussen, l’imam fiché S, expulsé pour “propos incitant à la haine et à la discrimination” en août 2022.
Menaces
D’autre part, Médine est connu pour ses appels à la violence contre des élus de la République. Fin mars, à Albi, il se filme en lançant des fléchettes sur un portrait de Bernard Carayon, l’ancien député du Tarn et maire de Lavaur. Un mois plus tard, à Agen, il refait parler de lui en offrant à son public des piñatas à l’effigie de la députée d’Edwige Diaz et de la conseillère régionale Julie Rechagneux. Il y a quelques jours encore, au Havre, il récidive avec le portrait de Marine Le Pen. Dans une période où des maires démissionnent, les élus de la République sont menacés et les permanences saccagées, ces incitations à la haine et à la violence doivent nous interpeller.
Au regard de toutes ces considérations, il convient de s’interroger sur le sens de la présence de Médine aux concerts de l’Armada. Les amateurs de rap qui vantent la hargne et la pugnacité du personnage, ont-ils conscience de son pedigree ? Devons-nous laisser se produire devant plusieurs dizaines de milliers de personnes et aux frais du contribuable, un rappeur au discours prosélyte porteur d’une vision de l’islam contraire aux valeurs de la République ?
À supposer que la Région Normandie s’attache à défendre la laïcité, la liberté des femmes et l’intégrité physique de nos élus, son président devrait, en responsabilité, annuler la venue du rappeur havrais.
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