Au nom du Bien et du Progrès, le monde universitaire sait faire taire ceux qui, en son sein, ne pensent pas dans le sens de la doxa. Ce qui reste d’esprit libre, pour ne pas dire critique, est muselé, surveillé, dénoncé, traqué, accusé puis condamné.
« Faudrait lui faire un procès, à celui-là ! » C’est ainsi que la vice-présidente d’une université de province considère un collègue dont les positions n’ont pas l’heur de lui plaire. Un procès pour quoi ? Pour divergence d’opinions ?
Dans le monde universitaire, il semble acquis que le désaccord doive se régler dans les prétoires de la mise en conformité et que l’hétérodoxie idéologique doive être punie. L’altérité ne s’envisage plus que comme adversité. Si vous ne plaisez pas, vous méritez d’être interdit, censuré, sanctionné. Remettre en cause l’écriture inclusive suffit pour sentir le soufre, alors toucher aux Frères musulmans, vous n’y pensez pas. Les arguments objectifs n’ont plus cours : certains savants ont même déclaré la fin de la rationalité pour cause d’ethnocentrisme occidental. Seule la morale compte. C’est le retour des chaisières, du pointage du doigt et de la mauvaise réputation.
Supériorité jargonnante
Les sujets sont prévisibles : la laïcité est suspecte d’islamophobie, l’hétérosexualité est une oppression, le pluriel provoque une scandaleuse invisibilisation des femmes, l’objectivité est un outil des dominants… La fameuse Déconstruction est intouchable, au point même d’avoir été décrétée indéfinissable
