Drapeau officiel de l’Afrique du Sud entre 1928 et 1994, il est encore arboré par les nostalgiques de l’apartheid ou brandi lors de manifestations anti-gouvernementales. La Cour suprême sud-africaine vient de rendre un arrêt définitif sur la question de son utilisation. Désormais, quiconque s’affichera publiquement avec ce symbole « discriminatoire » pourra être « poursuivi pour incitation à la haine raciale ».
C’est un drapeau qui divise l’Afrique du Sud. Symbole du régime d’apartheid, après de longs débats parlementaires passionnés, il a été hissé pour la première fois en 1928 alors que le pays était encore un Dominion de l’Empire britannique. Ses trois couleurs orange, blanche, bleue reprennent celles de l’ancien Prinsenvlag néerlandais du XVIIe siècle avec au centre, les drapeaux de l’ancienne République boer du Transvaal, de l’État d’Orange Libre et de l’Union Jack. Remplacé immédiatement après l’arrivée au pouvoir du président Nelson Mandela en 1994, il a été longtemps toléré par le gouvernement multiracial avant que la cour d’égalité ne décide de le faire interdire en 2019. Devenu le signe de ralliement des mouvements d’extrême-droite afrikaner, régulièrement brandi lors de manifestations, la Fondation Nelson Mandela (NMF) et la Commission sud-africaine des droits de l’homme (SAHRC) avaient obtenu son bannissement après un dépôt de plainte.
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AfriForum, l’organisation de défense des droits de la communauté Afrikaner, avait immédiatement déposé un recours, estimant que cette décision empiétait sur leur liberté d’expression et que le drapeau n’était nullement discriminatoire à l’encontre de la majorité noire sud-africaine. La Cour suprême a rendu sa décision le 21 avril 2023 et a estimé que le drapeau représentait toujours le signe d’un « racisme institutionnalisé ». Dans son arrêt, elle a déclaré que « ceux qui brandissent ou agitent publiquement l’ancien drapeau transmettent un message destructeur célébrant la ségrégation et aspirant à son retour ». Lors de son passage devant le tribunal, la Commission sud-africaine des droits de l’homme a évoqué le cas de Dylann Roof, cet Américain blanc reconnu coupable et condamné à mort pour les meurtres racistes en 2015 de neuf membres de l’église noire de Charleston, en Caroline du Sud, qui s’était pris en photo avec ce drapeau. Désormais, tout Sud-africain qui s’affichera en public avec l’ancien drapeau pourra être poursuivi pour « incitation à la haine raciale ».
Interrogé par le Times, le porte-parole d’AfriForum a déclaré que « la liberté d’expression en tant que droit s’est malheureusement édulcoré dans ce pays ». « C’est un principe qui est devenu la victime de doubles standards ridicules et les conséquences futures seront probablement désastreuses » a averti Ernst van Zyl qui prend toutefois acte de la décision rendue. La Cour suprême n’a cependant pas statué sur la seconde question qui était de savoir si l’affichage de l’ancien drapeau national pouvait être autorisé au sein de la sphère privée…