Dans son périple culturel au Japon, notre chroniqueur est passé à Hiroshima. Les considérations qu’il en tire n’engagent que lui, bien sûr…
Mardi 25 avril. Il pleuvait sur Hiroshima. Quand on visite certains lieux de mémoire, il faut se débrouiller pour que la météo soit en accord avec l’événement qu’ils évoquent. Se rendre à Auschwitz en été est une faute de goût. Mais en janvier-février, c’est parfait — surtout en pyjamas rayés. Hiroshima sous la pluie, c’est très bien, même si ce n’était pas la pluie noire qui est tombée sur les survivants de l’explosion atomique et les a contaminés, même assez loin du site. Non, juste « une pluie de deuil terrible et désolée », comme dit Prévert.
Et il faut être aussi limitée que Marguerite Duras pour ne voir à Hiroshima qu’une occasion de se frotter encore une fois à une peau d’asiate.
Mille origamis avant de mourir
La visite du Point zéro, l’hypocentre où est tombée la bombe, du dôme de Genbaku, tout à côté, le seul bâtiment qui ait résisté au souffle qui en un instant a tué 75 000 habitants, du parc dédié à la paix — tu parles — et du Musée où sont rassemblés les souvenirs du cataclysme, sous des rafales rageuses, cela vous cheville l’optimisme à l’âme.

Je n’avais pas lu grand-chose sur ce 6 août 1945. La Tombe des lucioles, le poignant récit d’Akiyuki Nosaka (1967), où il raconte entre autres comment il retrouve sa mère, emmitouflée dans une couverture, apparemment indemne — en fait, cuite à l’étouffée —, et comment il a tenté de survivre, tout gamin, avec sa petite sœur, se passe à Kobe, pas à
