Quand des historiens étudieront la vie et l’œuvre de Dieudonné, ils se pencheront sur l’aspect technique de son succès. Le dieudonnisme n’est pas seulement une banalisation rigolarde et pernicieuse de l’antisémitisme. C’est aussi une redoutable habileté médiatique à se faire passer pour un héros de la liberté et de la vérité.
Le 13 février 1984, Jean-Marie Le Pen, président d’un petit parti disposant à peine d’une poignée d’élus en France, voit sa campagne électorale (aux européennes) décoller grâce à sa toute première invitation dans l’émission politique la plus importante de la télévision française d’alors: « L’heure de vérité ». Vingt ans après, le 11 décembre 2004, Dieudonné Mbala Mbala, artiste reconnu pour ses spectacles faisant salle comble et ses amis du show-business, voit sa carrière de complotiste antijuif décoller grâce à sa toute dernière invitation dans l’émission culturelle la plus importante de la télévision française d’alors : « Tout le monde en parle ».
Ce jour-là, face caméra, le présentateur Thierry Ardisson annonce à l’humoriste qu’il a décidé de ne plus jamais le recevoir dans son talk-show. Au préalable, il a fait porter sur le plateau un article du Journal du dimanche, auquel son hôte a confié quelques mois auparavant : « Ce sont tous ces négriers reconvertis dans la banque, le spectacle et aujourd’hui l’action terroriste qui manifestent leur soutien à la politique d’Ariel Sharon. » Dieudonné,
