Depuis des décennies, nos dirigeants ont opté pour une croissance tirée par la consommation plutôt que par la production. Et ce modèle est largement financé par la dépense sociale. Grâce à elle, il y a toujours plus d’acheteurs alors qu’il y a de moins en moins de travailleurs : les actifs représentent 37 % de la population contre 55 % en Allemagne. L’immigration ne vise pas à combler nos besoins en main-d’œuvre mais à soutenir la consommation.
L’immigration est considérée comme pourvoyeuse de main-d’œuvre : cette vision est historiquement datée en France. L’immigration du travail a été limitée en 1974, et est depuis lors marginale dans le flux migratoire. À l’inverse, en Allemagne, demeurée une grande économie industrielle sans chômage, dont la population d’origine est sur la pente du déclin démographique, l’immigration demeure liée au travail : c’est l’objectif de la grande vague migratoire du milieu des années 2010. « Wir shaffen das », déclara Angela Merkel quand l’Allemagne a accueilli en deux ans 2 millions d’immigrés issus pour partie du Moyen-Orient, avec l’objectif de leur enseigner l’allemand, de les former, de les embaucher et de leur faire faire des enfants.
Or la France n’est pas l’Allemagne. Le nombre des actifs occupés dans les deux pays est sans appel :
Ils sont 45,36 millions en Allemagne en 2022 sur 84,3 millions d’habitants, soit plus de la moitié des habitants (53,8 %). Dans ce pays, le taux de chômage est de 5,3 % début 2023, un niveau proche du chômage frictionnel (incompressible).
À lire aussi : Immigration : un mariage forcé à l’issue fatale
Les actifs occupés sont officiellement 27,43 millions en France pour 68 millions d’habitants, mais il faut retrancher plus de 3 millions personnes (catégories B, C, D, E de Pôle Emploi), tenues de chercher un emploi car à temps partiel contraint, et/ou non tenues de chercher un emploi pour diverses raisons. Il reste donc 24 millions d’actifs occupés à temps plein (dont 1 million d’actifs en arrêt maladie par roulement, un taux anormalement élevé). En comptant large, la France compte près de 25 millions d’actifs occupés à temps plein (dont ceux en arrêt maladie), soit 36,7 % de sa population.
Le déficit d’actifs occupés par rapport à l’Allemagne représente 17 % de la population du pays (la France ayant certes davantage de jeunes) ; et 20 millions d’emplois en chiffres bruts. Même avec des erreurs de calcul – très possibles du fait du maquis de la statistique nationale –, le différentiel est considérable.
Or l’immigration est élevée et croissante, sur la longue comme sur la moyenne durée, dans les deux pays. Depuis la crise de 2008, l’Allemagne, dont l’activité économique est dynamique, polarise la jeunesse de l’Europe du Sud et de l’Est qui ne trouve pas à s’embaucher : Grecs, Italiens, Espagnols, Roumains, Ukrainiens,
