Le poème du dimanche
Mi-Lyonnais, Mi-Flamand, vin par son père, bière par sa mère, Yves Martin (1936-1999), perpétue la vieille tradition française d’une poésie flâneuse et bohème. Depuis Le Partisan, paru en 1964, son goût des voyages sans boussole, son sens de l’amitié, et son mépris des convenances ont fourni la matière d’une oeuvre publiée avec une tranquillité paresseuse.
Enfant de Villon par la gouaille parigote, de Verlaine par les éblouissements éthyliques et d’Apollinaire par le bonheur des errances parisiennes, ce clerc de notaire défroqué est un poète amateur de tapis-francs, de salles de cinéma et de dames de petite vertu, qui veut des verres pleins mais pas des vers plats.
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Mélancolique et coloré comme une toile d’Utrillo, la poésie d’Yves Martin chante l’éternelle chanson de l’ivresse qui permet de retrouver le vrai goût du temps.
Une ville maritime…
Une ville maritime aux trains bleus et blancs,
Un été immense, presque roux,
Rompu le pain, la gloire,
Oublié jusqu’au sens des désastres anciens.
Je prendrai une chambre, j’écrirai un livre.
Où rien ne sera dit d’essentiel
Ni le rêve des hommes ni la tendresse des femmes,
Un livre solitaire soulevé de flammes.
Octobre. Premières ombres
Dans les roseaux près de la grève, à mon ami le plus ancien
J’en lirai des passages, puis, le voyant las,
Nous irons boire, lui l’anis, moi le vin très bleu.
Yves Martin, Manège des mélancolies (Table Ronde)