Accueil Politique Remaniement, dissolution, référendum? Rien, comme convenu!

Remaniement, dissolution, référendum? Rien, comme convenu!

Macron au 13 heures: des remèdes qui ne rassurent pas, de la camomille alors qu'on voudrait du sang neuf


Remaniement, dissolution, référendum? Rien, comme convenu!
Le président Macron sur TF1 et France 2, 22 mars 2023 © Jacques Witt/SIPA

Un président trop serein dans une France en crise…


À 13 heures hier, Emmanuel Macron prenait pour la première fois la parole après l’utilisation décriée du 49-3 ayant permis de faire passer son projet de réforme des retraites à l’Assemblée nationale. Il répondait aux questions d’Anne-Sophie Lacarrau (TF1) et de Julian Bugier (France 2).

On savait que le président de la République n’annoncerait pas le retrait de la réforme. On n’ignorait pas que, passé sans trop de dégâts le Conseil constitutionnel, il promulguerait la loi sans délai. On était certain qu’à nouveau, il chercherait à démontrer qu’elle était nécessaire. On n’avait pas le moindre doute sur le fait qu’il développerait l’idée classique, pour tous les présidents confrontés à des oppositions et à des épreuves, de son devoir et de l’obligation qu’il avait de servir l’intérêt du pays avec ce texte sur les retraites. Il était prévisible qu’il renouvellerait sa confiance à Elisabeth Borne, vaillante et dévouée Première ministre, et qu’il crierait victoire après le rejet de justesse de la motion de censure.

Le président s’attache à distinguer la foule du peuple

Il est vrai que nous n’avions pas d’illusion à nous faire, puisque d’emblée Emmanuel Macron avait écarté un remaniement, la dissolution et le référendum.

Ne pas écouter serait bien, ne pas céder serait courageux, invoquer son devoir pour masquer son entêtement serait démocratique ?

Puis, devant ses troupes parlementaires – la présidente de l’Assemblée nationale, pour ne pas être soupçonnée de partialité, n’aurait pas dû s’y trouver – Emmanuel Macron avait distingué la foule du peuple qui s’exprimait au travers de ses élus et regonflé le moral des députés et sénateurs déçus et moroses après l’utilisation du 49-3 et la déconfiture évitée de peu.

Au fond, à partir de ces données tant factuelles que politiques incontestables, que pouvait attendre, espérer le citoyen ordinaire?

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À l’issue de cet entretien qui, sans offenser les deux journalistes, ressemblait plus à un monologue qu’à un dialogue, le président déroulant une argumentation bien rôdée, je retiens la dénonciation des violences, des factions et des factieux qui, pour être banale, n’en a pas moins de force en ces circonstances de désordres, de dégradations et d’incendies qui vont durer. Le président, sur ce plan, doit être absolument approuvé, même si dans cette « meute » qu’il pourfend, il y a probablement beaucoup du peuple qu’il prétend honorer. J’ajoute que son hommage aux élus aurait été d’autant plus convaincant s’il n’avait pas lui-même opéré une discrimination supplémentaire choquante parmi les députés en excluant de l’arc républicain les députés de LFI et du RN.

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Pour tous les autres sujets, Emmanuel Macron les a traités comme si cet entretien, d’une certaine manière, ne lui avait pas été imposé et avec une tranquillité et un ton d’évidence qui pouvaient laisser croire aux téléspectateurs de ce milieu de journée que la France se portrait bien, qu’elle n’était pas en crise et que le président venait aimablement nous rendre visite parce que depuis trop longtemps il ne nous avait pas parlé.

Amplifier la réindustrialisation, se rapprocher du plein emploi, durcir le régalien (mais report de la loi sur l’immigration, qui sera découpée en tranches !) et favoriser le mieux vivre. Aucun de ces objectifs n’est dérisoire. Ce qui inquiète est d’une part qu’ils sont abordés comme si par exemple la réindustrialisation avait été engagée alors que tout reste à faire, à considérer l’état de nos services publics et de nos institutions. D’autre part, à l’évidence, ils représentent une réponse tiède et presque provocatrice au climat déchiré et fracturé d’aujourd’hui. Des remèdes qui ne rassurent pas, de la camomille alors qu’on voudrait du sang neuf.

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Je ne doute pas – et je m’en réjouis – que le président ira au bout de son second quinquennat mais comme l’a dit une voix anonyme de son camp, réformer les retraites c’est bien mais un président se réformant, ce serait mieux.

Rien ne me paraît plus pervers, dans le climat troublé et si peu républicain de cette période, entre une rue opposante et parfois exacerbée et violente et une Assemblée nationale écartelée entre militants régressifs et députés responsables, que cette affectation de dureté présidentielle. Ne pas écouter serait bien, ne pas céder serait courageux, invoquer son devoir pour masquer son entêtement serait démocratique ?

Citoyen ordinaire mais attentif, je suis sûr de l’inverse. Le pouvoir exemplaire guide en même temps qu’il accompagne. Il propose mais sait aussi retirer. Il doute de lui quand beaucoup doutent de la validité de son action. Soutenu, il n’oublie pas ceux qu’il n’a pas convaincus. Pour lui, la promesse de rassembler n’aurait jamais dû être un vain mot.



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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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