Comment une prostituée trans et actrice porno fait suer la mairie de Paris depuis une semaine, sur fond de revendications politiques.
Pas de quoi faire la fière ! Ce qu’on peut dire, c’est qu’elle s’est bien fait avoir. Ce qu’il faut dire, c’est que c’est à son propre jeu qu’elle a perdu. Depuis son accession à la Mairie, en 2014, Anne Hidalgo avait déjà accueilli dans l’Hôtel de Ville de Paris plusieurs éditions de la Nuit des fiertés. Bal de grande ampleur, programme digne des plus grandes soirées de gala, invités prestigieux… Tout y est à chaque fois pour célébrer comme il se doit la communauté et les “fiertés” LGBQTI+. Mais cette année, la maire de Paris peut se mordre les doigts. Elle n’est pas près d’oublier le dernier grand raout annuel, qui s’est tenu le samedi 11 mars.
Sois toi-même
Pourtant, les choses avaient plutôt bien commencé. Sur le site de la mairie, un efficace teasing informait les administrés de LA soirée de l’année. « Une belle ballroom, des dj sets et un drag show unique » étaient notamment promis aux heureux convives, après dégustation des plats mitonnés par la plus jeune cheffe étoilée de France, Julia Sedefdjian. Le tout, couronné par un thème des plus disruptifs: « pas de dress code, sois toi-même ! ».
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Le « sois toi-même » était peut-être de trop, finalement. En tout cas, il a donné à Icy Diamond, femme trans de 22 ans et actrice porno, l’occasion de se montrer dans tous ses états et d’appliquer à la lettre le mantra de la soirée. Le 13 mars, celle qui se considère désormais sur les réseaux comme une « personnalité publique » et comme la « nouvelle Marianne », publie ses photos de la soirée sur son compte Instagram. On y voit la « nouvelle Marianne », donc, déambuler dans les couloirs de l’Hôtel de Ville, avec son croc-top en latex rose, sa jupe ultra-courte, ses faux cils et des ongles d’environ 5 à 10 centimètres.
Elle est notamment photographiée dans des positions assez osées, en haut de l’escalier d’honneur de l’Hôtel de Ville. Sous sa publication, elle commente: « Comment j’ai réussi à transformer l’Hôtel de ville de Paris en strip-club et bordel géant… La Liberté guidant le peuple au milieu des ors de la République. Merci qui ? Merci Anne Hidalgo pour l’invitation à la nuit des fiertés ! » Un « bordel géant » ? Oui, car Icy Diamond, en plus de ses activités porno, serait aussi prostituée. La tension va ensuite monter d’un cran. « J’ai bien pompé dans les toilettes de l’Hôtel de Ville de Paris en tout cas ! J’ai même filmé », annonce sans gêne, sur son compte Twitter le 14 mars, notre starlette de la semaine. « Comme j’ai tapiné dans les locaux, c’est considéré comme du proxénétisme », se félicite-t-elle. Un véritable manifeste politique !
Anne Hidalgo, l’arroseuse arrosée
Icy Diamond n’est pas totalement une inconnue. Quelques semaines plus tôt, elle avait déjà fait parler d’elle. Le 11 février, alors qu’elle manifeste contre la réforme des retraites, pancarte à la main et seins à l’air, un homme vient la toucher, sans son consentement. Bingo: Icy Diamond décroche une invitation chez Hanouna pour commenter l’incident.
Mais revenons au film porno catégorie « Bordel de Ville ». Peu après les sulfureux messages de Icy Diamond sur ses réseaux sociaux, le STRASS (Syndicat du travail sexuel) relaye et commente les exploits de la militante: « Action encore réussie pour transformer l’Hôtel de Ville en bordel. Mme Hidalgo vous devez rendre des comptes en tant que proxénète puisque non seulement nous tirez profit de la prostitution avec vos arrêtés mais vous l’hébergez dans vos locaux. » Le syndicat milite contre les arrêtés anti-prostitution de la mairie interdisant notamment « la circulation, l’arrêt et le stationnement des véhicules conçus et construits pour le transport de marchandises et ayant au moins quatre roues » dans les Bois de Boulogne et de Vincennes.
Le compte Twitter d’Icy Diamond a depuis été supprimé. Et la bimbo exige via son compte Instagram de le récupérer, en se faisant menaçante. Qu’on lui rende vite… « ou je ferais sortir d’autres vidéos de moi à l’Hôtel de Ville. Qui sait ce que je peux avoir sur les collègues de Madame Hidalgo… » écrit-elle.
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La Ville n’excluait pas de porter plainte et annonçait auprès du Parisien avoir « pris connaissance d’allégations rapportant des incidents dans l’enceinte de ses salons. Aucun élément ne permet d’étayer les allégations de l’intéressée. Si des compléments nous étaient apportés, nous examinerions les suites, notamment judiciaires, qu’il conviendrait d’y apporter ». Et pas de bol pour Icy Diamond, le STRASS a fini par se dégonfler et vient de se désolidariser de notre croqueuse d’hommes. Notre facétieuse gourgandine semble désormais bien seule. Mercredi, la porte-parole du syndicat, Anaïs de Lenclos, affirmait déjà dans le Parisien: « On ne lui jette pas la pierre mais on ne la soutient pas ». Et depuis, le STRASS n’assume plus du tout les agissements troubles de son égérie. « Dans l’empressement, suivant le principe du soutien immuable entre collègues, les photos et tweets d’Icy ont été repartagés sur notre Twitter, laissant penser, à tort, que nous étions à l’origine de cette action. […] Nous n’étions pas au courant des agissements d’Icy, ni ne souhaitions créer de polémique mettant à mal le Mag LGBT, organisateur du gala à l’hôtel de ville », indique le syndicat, dans un communiqué, le 16 mars. Nom d’une pipe !
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