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BlocusChallenge: la justice peut-elle mettre Louis Boyard en prison?

C'est peu probable, d'autant que la macronie s'éclate aussi sur Tiktok et les réseaux sociaux


BlocusChallenge: la justice peut-elle mettre Louis Boyard en prison?
Le député d'extrême gauche Louis Boyard, manifestation parisienne contre la réforme des retraites, 7 mars 2023 © Chang Martin/SIPA

À travers son «BlocusChallenge», Louis Boyard (LFI) incite les étudiants à bloquer amphis et lycées contre la réforme des retraites. Dans la foulée, la présidente LR de la Région Île-de-France, Valérie Pécresse, annonce qu’elle dépose une plainte contre lui. Mais à l’heure de la sanctification de la parole des jeunes et de la tiktokisation de la vie politique, le jeune député du Val-de-Marne risque-t-il vraiment quelque chose ?


« Postez vos plus belles photos de blocus des lycées, d’universités. »  Ce dimanche, Louis Boyard, désormais habitué des esclandres, invitait les étudiants à bloquer leurs établissements scolaires en soutien à la grève du 7 mars. Plus absurde encore, il a promis aux bloqueurs une visite de l’Assemblée nationale, par tirage au sort. Montage vidéo ultra dynamique et hashtags à gogo: la stratégie de « bordélisation » du débat politique de l’extrême gauche se veut désormais ludique. Elle suit en tout cas à la lettre tous les codes des réseaux sociaux plébiscités par la jeunesse.


Le droit de manifester doit respecter le droit d’étudier

Rapidement, les réactions ont fusé. « LAssemblée nest pas un prix de concours. La politique nest pas un challenge TikTok » s’est indignée la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (« Renaissance »). De son côté, le lendemain de l’appel au blocus, Valérie Pécresse (LR) annonce dans un communiqué porter plainte contre Louis Boyard pour « incitation au délit d’entrave » et « incitation à la violence ».

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Effectivement, en empêchant les professeurs d’enseigner, le blocus est d’abord reconnu comme un délit d’entrave à la liberté du travail. « Le fait de pénétrer ou de se maintenir dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement scolaire sans y être habilité (…) ou y avoir été autorisé (…), dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement, est puni d’un an d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende », selon l’article 431-22 du Code pénal. Mais, également, d’après l’article R644-2, tout simplement une entrave à la libre circulation. En incitant à commettre de tels délits, le benjamin de la Nupes serait de son côté passible d’une peine de cinq ans de prison et 45 000 euros d’amende, voire même 150 000 en s’adressant à des mineurs [1]! Pourtant, Louis Boyard, âgé de seulement 22 ans, dort sur ses deux oreilles. Comme dans la majorité des mouvements sociaux, on sait bien que les interpellations sont rares. Et les peines réellement appliquées, encore davantage. Sous couvert de cet intouchable militantisme étudiant, encouragé par le laxisme institutionnel, le chouchou de l’extrême gauche a donc de fortes chances de passer entre les mailles du filet. Tant pis pour ceux qui souhaitaient étudier !

Militantisme 2.0

Quant à Yaël Braun-Pivet, si elle ne se gêne pas pour critiquer cette « tiktokisation » de la politique, elle fait preuve d’une mauvaise foi incontestable. Malheureusement pour elle, dans sa famille politique, personne n’a oublié les frasques de Marlène Schiappa, laquelle invitait des influenceuses pour qu’elles l’aident à « sensibiliser » la société contre les violences sexistes et sexuelles, ou celles de Jean-Baptiste Djebbari, lequel ne se gênait pas non plus pour utiliser toutes les fonctionnalités de l’application chinoise depuis son ministère des Transports. Dans la même veine, on peut aussi renvoyer notre présidente de l’Assemblée nationale aux fameuses « FAQ » YouTube d’Emmanuel Macron sur l’écologie… En fait, seuls les LR ou le RN rechignent à se lancer dans ce style de communication régressif.

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Notre ravissement général devant la jeune Greta Thunberg lorsqu’elle tançait les adultes responsables du changement climatique, ou les pirouettes à l’Élysée de MacFly et Carlito avec le président Macron, étaient des signaux forts, et annonciateurs ; les signes de la fin d’un certain respect des institutions.

L’extrême gauche, consciente de ce nouveau pouvoir de la jeunesse, ne se gêne donc pas pour donner à présent naissance à des députés-influenceurs, qu’elle envoie en première ligne pour militer contre la réforme des retraites, quand bien même ils sont mal placés pour parler du monde du travail. Blocages universitaires et manifs font partie intégrante de la vie étudiante, le dossier de mars de Causeur l’illustre bien.

Mais ironiquement, alors que l’abstention atteint 76% aux dernières législatives chez les 18-24 ans (le public cible de Tiktok, a priori), il faudrait peut-être commencer par aller voter avant de vouloir cramer sa fac!

[1] https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux/le-vrai-du-faux-bloquer-un-lycee-et-inciter-a-faire-un-blocage-sont-ils-des-delits-comme-le-sous-entend-valerie-pecresse_5670188.html



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