Céline Pina a fort bien exprimé sa désapprobation, dans un article du 1er février intitulé « En Iran, le World Hijab day, c’est tous les jours », quant à cette démarche d’une provocation inouïe quand on sait ce qui se passe chez les Perses et ailleurs. Démarche censée lutter contre la fameuse islamophobie qui a fait tant de morts en Europe… chez les non-musulmans. Mais Bécassine a envie d’en rajouter une couche, si l’on peut dire, vu que le vêtement est déjà assez chargé ! Que des femmes musulmanes (ou pas) aient choisi précisément ce moment pour pareille revendication est d’une rare obscénité, dans le sens étymologique de ce terme ; en dehors de la scène, à côté de la plaque vulgairement parlant.
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Des femmes iraniennes meurent et avec elles des hommes aussi. Des Afghanes sont parquées dans des coffres de voiture comme du vulgaire bétail. Mais chez nous, en Europe, des femmes musulmanes, des sœurs normalement (et doublement sœurs puisque femmes et musulmanes!) ne trouvent rien d’autre à faire que de revendiquer, sans aucun risque pour elles, ce qui coûte la vie à leurs semblables.
Un tel hiatus, pour ne pas dire abîme, montre le degré d’idéologie abrogeant toute réalité face au Réel qu’on se cache avec les voiles qu’on peut ! Indécence totale. Bécassine accuse ces « brandeuses » de hijab de complicité avec les bourreaux de leurs sœurs.
Que ne les a-t-on vues défiler dans la rue tête nue pour montrer vraiment qu’elles le portent de leur plein gré et que donc, elles peuvent aussi l’enlever ! Ainsi, elles soutiendraient celles qui paient de leur vie une liberté qu’elles n’ont pas.
Par ailleurs, et pour parler de la partie non visible de la chose, sont-elles à ce point d’accord avec le sort que ce costume signifie pour elles ?
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Qu’elles disent dans ce cas haut et fort les limites que cette religion leur inflige (la parole d’un homme valant celle de deux femmes etc.) ; qu’elles disent vouloir, elles qui sont la moitié du monde devoir être doubles pour valoir ! Qu’elles le disent une fois pour toutes !
Car l’essentiel est là, bien sûr, dans le sort qui leur est réservé à travers le monde et qu’elles ne sont en aucun cas censées ignorer, et qu’elles cessent de se voiler la face avec cette soi-disant liberté qu’elles n’auraient pas ici mais qu’elles-mêmes ne prouvent jamais.