L’université et les écoles supérieures sont gangrénées par les mêmes idéologies que l’enseignement primaire et secondaire. Et les écoles de journalisme occupent une place de choix sur le podium de la pensée unique, voire totalitaire.
Alors que l’enseignement secondaire doit se baser sur les savoirs fondamentaux, les universités et écoles supérieures se dédient à la spécialisation. Avec une conséquence majeure : souvent, rejeter les idées des professeurs signifie devoir rejeter la carrière que l’on souhaitait embrasser.
Pour écrire cet article, j’ai lancé un appel à témoignages sur Instagram. Les réponses ont été très nombreuses. C’est que, finalement, tout étudiant n’étant pas acquis à la cause woke a pu faire l’expérience des ravages de l’idéologie. Dans le supérieur, beaucoup de professeurs sont convaincus qu’il est de leur devoir de modeler les élèves. Pire encore, nombre d’étudiants suivent souvent le mouvement, avec pour objectif de dégoûter le récalcitrant de la filière, ou le faire rentrer dans le moule.
Devenir un journaliste conformiste en dix leçons
Hubert est étudiant dans une petite école de journalisme parisienne. Il savait déjà « que le milieu était dominé par la gauche ». Il n’en est pas moins sidéré quand, pour son premier jour de cours, la professeure, journaliste féministe, distribue trois « chartes » à sa classe, sans préambule. La première se nomme « Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique ». Bercé par la douce grammaire de l’écriture inclusive, on y comprend l’importance de militer pour l’écologie, de ne surtout pas minimiser l’enjeu, de « s’opposer aux financements des activités les plus polluantes », etc. Si Hubert n’est pas en désaccord avec la majorité de ces points, il est le seul étudiant qui interrogera cependant la professeure : « L’objectif du journalisme n’est-il pas la recherche de la vérité ? » Elle, se faisant Ponce Pilate : « Mais c’est quoi la vérité ? Je ne sais pas ce que c’est la vérité ! Chacun a sa vérité. » La deuxième charte est encore plus évocatrice : « Le traitement médiatique des violences faites aux femmes ». Elle préconise notamment de « traiter le meurtre conjugal et les violences sexuelles comme un fait de société et non seulement comme des faits divers ». Hubert imagine, rêveur, une charte sur l’insécurité… La troisième fiche est plus claire : elle affirme explicitement qu’il n’y a pas assez de femmes et de minorités dans les médias. Quelques semaines plus tard, en lui rendant un devoir, la professeure lui dira avoir lu certains de ses articles et l’accusera à demi-mot de racisme et d’incitation à la haine.
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À l’IUT de journalisme de Lannion, Larmina raconte une autre histoire. Durant un cours de première année, un professeur évoque Valeurs actuelles : « C’est un torchon, même pas un journal. C’est bon pour s’essuyer aux toilettes, c’est tout ! » Mais ce qui pousse Larmina à abandonner ce cursus, ce sont surtout les accusations de « néocolonialisme » à son encontre, car, avec un père militaire, elle avait vécu plusieurs années en Afrique. Professeurs et élèves se sont ligués contre elle, l’accusant d’« appropriation culturelle » un jour qu’elle venait en cours habillée avec un pantalon africain typique… De nature timide, Larmina n’avait pourtant jamais dévoilé ses opinions politiques.
Exclure par l’inclusivité
Malheureusement, en journalisme ou ailleurs, les exemples de ce type sont légion. Dolores, étudiante en communication, a été accusée d’être réac pour avoir simplement dit, en cours de « rédaction inclusive », que l’écriture inclusive nuisait à la beauté de la langue française. Pour une conférence sur la parole des femmes, les étudiants hommes ont été interdits de parler ou de poser des questions. Plus inquiétante encore est l’histoire de Jeanne, qui a commis le crime d’être blonde et catholique. Au cours de sa deuxième année d’études, des élèves se sont mis à associer sa couleur de cheveux au nazisme et sa religion au racisme. « Puis, le jour est venu où j’ai partagé sur Instagram mes idées politiques plutôt à droite sans aller dans les extrêmes. […] On a commencé à me faire des réflexions », raconte-t-elle. Malheureusement pour elle, l’histoire ne s’arrête pas là. Ses opinions modérées sur le burkini ou le voile commencent à lui valoir des messages de haine : « raciste » ; « facho ». Peu de temps après, un message anonyme très inquiétant, indiquant son adresse : « On va venir te régler ton compte sale facho ». Pour Jeanne, plus question de rester dans l’école. Elle est forcée d’en changer et de déménager.
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En fac de droit à Rennes, Noël est exaspéré par son professeur d’anglais LGBT qui lui serine à longueur de journée l’importance de « déconstruire sa masculinité toxique ». Le débat n’est plus possible : pour avoir dit que la justice n’était ni raciste ni misogyne, il est traité de « petit Blanc de merde ». Des témoignages de ce genre, nous en avons reçu beaucoup. Impossible de tous les citer ici. Des tendances se dégagent néanmoins, démontrant l’efficacité de l’enseignement secondaire dans le formatage idéologique des jeunes. Adultes et croyant penser par eux-mêmes, ils se font les alliés les plus efficaces de ceux qui les ont form(at)és. Le problème des écoles de journalisme est bien connu et depuis longtemps. Mais il est désormais notable que, dans les cours sur le genre ou sur les théories décoloniales dispensés à Science-Po ou dans certaines facs, tous, des étudiants aux directeurs en passant par les enseignants, semblent vouloir exclure ceux qui ne sont pas aussi inclusifs qu’eux. Intolérance envers les intolérants : dans le supérieur, l’inclusivité exclusive devient de plus en plus systémique, pour reprendre une terminologie à la mode.