Ceux qui en 2017 se réjouissaient d’avoir un jeune président de 40 ans à la tête de l’Etat en sont aujourd’hui pour leurs frais. Celui qui allait dépoussiérer cette vieille République percluse d’arthrose est un vieux radoteur, les yeux rivés sur le rétroviseur, un taxi-boy de la politique à papi.
Il est mince, il est beau le légionnaire, hélas il cause… Sa pénitence n’en finit plus, maintenant voilà qu’il exhume la Françafrique de sa boite à excuses. Putain six ans. Six longues années à arpenter le Maghreb et l’Afrique Noire pour plaider coupable au nom d’un pays criminel, donc raciste. Il n’est pas né, nous n’étions pas nés, ils n’étaient pas nés quand Foccart tisse la toile de ses réseaux africains. Accueilli par une brousse de drapeaux russes, chinois et de France Go Home notre impudent répond par un « je vous ai compris. Avec ce que nous vous avons fait subir votre haine est légitime ». Alors que les gamins qui lui font face sont animés par les dernières guerres où, de Sarko à Macron en passant par le petit gros, la France s’est ensablée avec l’uniforme de gendarme du monde… Attention, avec Macron, même en pleine séance d’auto-flagellation, l’arrogance peut à tout moment revenir au galop. Il n’a pu s’empêcher de donner des leçons de gouvernance à certains chefs d’Etat. Un peu comme à Beyrouth avec les brillants résultats que l’on sait.
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Il boit pas, il fume pas, mais il ose… Ses roulements de mécaniques et son goût de la transgression ont bouleversé toutes les règles du monde feutré et policé de la diplomatie. A ses dépens. Les mauvaises manières d’un Bolsonaro étant hors concours, certains chefs d’État se relaient pour entarter Macron de tous les noms d’oiseaux, et pas par la bande mais par les canaux officiels. L’humiliation infligée le week-end dernier par le Maroc en est le dernier exemple. Le communiqué de Rabat est d’une crudité inédite en temps de paix. Si le président pratique le en même temps à l’interne, il joue un double jeu et la valse à 1000 temps à l’extérieur. Autant de mauvaises manières autour de l’échiquier ont eu raison de la patience et de l’élégance qui ont les faveurs de cet univers en cristal de Bohême. Tous ses je ne te lâche pas la poignée de mains, et je te tâte l’épaule comme l’ostéo de garde du dimanche, et je te prends pour un con mais souris aux photographes ont contribué à la perte de crédit dont jouissait la France sur le plan diplomatique. Y compris à Bruxelles, le dernier terrain où la voix de la France pesait encore auprès de ses alliés. Il n’a fait que consolider les liens “d’amitiés” et commerciaux initiés par Sarko avec les Émirats. Pour le pire…
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… oui mais ça craint. Quand le président joue les cracheurs de feu en Afrique et au Maghreb je ne peux m’empêcher de voir des bombes humaines en retour de flamme. Quand il caresse l’échine d’un Emir je ne peux m’empêcher d’imaginer un réseau dormant, que d’un œil, tapi au fond d’un F3 en centre-ville. Quand il joue au con avec Poutine j’ai tendance à scruter le ciel avec inquiétude. Je suis sûrement parano, mais si dans ce monde devenu fou, le président pouvait faire un jeûne diplomatique ou une retraite monastique avant de parler je serais moins nerveux. A moins que…
…Voilà c’est fini. Mardi le peuple va présenter à Macron son projet de loi sur la réforme des retraites. Un projet qu’il peaufine depuis plus de cinq ans dans la rue… Le départ pour la retraite à 45 ans ! Le président coche toutes les cases, il a tous ses trimestres et toutes ses dents. Alors ciao gringo, have a nice trip.