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Quand France Culture reçoit le philosophe antiraciste Lilian Thuram

Il a pu y développer ses âneries sur la suprémacie blanche, sans contradicteur


Quand France Culture reçoit le philosophe antiraciste Lilian Thuram
L'ancien footballeur et grand penseur Lilian Thuram © Christophe SIMON / AFP

Le 17 février, dans son émission “Affaires en cours” sur France Culture, Marie Sorbier s’est entretenue, à l’occasion de la parution en français du livre du philosophe américain Charles Mills, Le contrat racial, avec notre philosophe à crampons national, j’ai nommé Lilian Thuram. 


Antiraciste adoubé par le racialisme woke, si Lilian Thuram en a acquis très grossièrement les principes, il maîtrise encore mal l’idéologie issue de la théorie critique de la race. Peinant à former des argumentations cohérentes, il déverse le résultat de ses investigations intellectuelles d’un jet, sans faire le tri, dans le désordre le plus grand. Cela donne des choses ébouriffantes, simplistes ou totalement stupides – mais qui jamais ne surprennent la complaisante journaliste de France Culture. L’émission a commencé par une plainte désespérée et gémissante: le Contrat racial de Mills a permis à Lilian Thuram de « comprendre tout ce [qu’il a] vécu en tant que personne noire ».

De mauvais esprits rigolards escomptent que, pour compléter sa pensée bichrome, Lilian Thuram, après « Mes étoiles noires » et « La pensée blanche », écrira un jour un livre sur ce qui semble, selon eux, lui faire le plus défaut, à savoir la « matière grise »…

Avant de poursuivre, rappelons le terrible parcours semé d’embûches de Lilian Thuram : né en 1972 en Guadeloupe, ce dernier arrive en métropole en 1981. La famille vit à Bois-Colombes où, dit-il, il subit des blagues racistes. Puis c’est l’engrenage infernal dû au « racisme structurel » et à la « domination blanche » : après avoir joué pour l’US Melun, Thuram rejoint le centre de formation de l’AS Monaco. Arsène Wenger lui fait faire ses débuts et le club obtient d’excellents résultats mettant en valeur un Lilian Thuram qui quitte alors la France pour rejoindre les rangs du club de Parme puis ceux de la Juventus de Turin. Les difficultés s’amoncellent : Lilian Thuram est, à 29 ans, le défenseur le mieux payé du monde (36 millions d’euros par an). Cinq ans plus tard, le footballeur est embauché par le FC Barcelone et finit en douceur une misérable carrière qui ne l’aura vu sélectionner que 142 fois en équipe de France (record récemment battu par Hugo Lloris avec 145 sélections). Tout cela est bien triste. Et le sort s’acharne. Le déterminisme social et le racisme systémique étant ce qu’ils sont, les deux fils de Lilian Thuram n’ont pas pu sortir de l’ornière dans laquelle avait végété leur millionnaire de père : Képhren et Marcus sont eux aussi devenus des footballeurs professionnels. Le premier joue à l’OGC Nice. Le second, sélectionné en équipe de France depuis 2020, joue au Borussia Mönchengladbach pour le modeste salaire de 4,5 millions d’euros par an. Il est à craindre que sa carrière ne finisse comme celle de son père – seuls des petits clubs comme le Barça, Chelsea ou le PSG espèrent le recruter à la fin de son contrat avec le Borussia en juin de cette année. C’est moche.

Lilian Thuram, grand dominé

Après ses débuts difficiles dans la vie, Lilian Thuram s’est lancé dans une nouvelle carrière, celle de représentant antiraciste d’une fondation à son nom, ce qui lui permet de pérorer dans les médias, de donner des leçons d’antiracisme à deux balles dans les écoles et d’écrire des livres emplis de poncifs et d’anecdotes pathétiques. Deux phrases extraites de ces ouvrages dispensables montrent que Lilian Thuram a su adapter l’offre antiraciste de sa fondation à la demande woke du racialisme politique. En 2010, dans son livre Mes étoiles noires, il écrivait : « L’âme noire, le peuple noir, la pensée noire n’existent pas plus que l’âme blanche, le peuple blanc ou la pensée blanche. » Après avoir rencontré d’éminents et opportunistes entrepreneurs racialistes (Rokhaya Diallo et Pascal Blanchard, entre autres), Thuram comprend qu’il lui faut être plus incisif s’il veut développer son business. Changeant son fusil antiraciste d’épaule, il écrit en 2020 La pensée blanche, livre obsédé par une idée viciée: « Nous sommes conditionnés par la pensée blanche qui fabrique nos opinions et nous contraint à ne regarder que dans un sens. » L’ex-footballeur en profite pour raconter des anecdotes palpitantes censées démontrer des choses, on ne sait pas très bien lesquelles, même si on comprend que les Blancs doivent avant toute autre chose se sentir coupables. Un exemple parmi dix : « Un jour, une amie m’emprunte un livre. […] il s’agit de La Férocité blanche de Rosa Amelia Plumelle-Uribe. Quelques jours plus tard, la jeune femme revient me voir. Elle était vraiment bouleversée :“Je n’ai pas pu le terminer…” – “Et pourquoi ?” lui ai-je demandé. Elle a alors presque fondu en larmes, m’expliquant que le livre était trop éprouvant. “Moi, je suis blanche, disait-elle, mais je n’ai rien fait ! Ce livre décrit des horreurs insoutenables, mais je ne suis pas coupable !” » Édifiant, non ?

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Au micro de France Culture, notre philosophe à crampons se lance à nouveau dans un de ces stupéfiants développements dont il a le secret : « Il faut savoir, dit-il à Marie Sorbier qui, comme nous, est tout ouïe, qu’aujourd’hui encore il y a des personnes qui sont peut-être les descendants des personnes qui ont mis en prison Martin Luther King et Nelson Mandela, et qui violentaient les personnes noires. Encore aujourd’hui il y a des personnes qui ne veulent pas changer de société. Ceux qui ne veulent pas le changement protègent la suprématie blanche. » La dialectique thuramienne n’est pas toujours facile à suivre. Elle nécessite une attention et une disposition particulières pour en pénétrer les arcanes. Marie Sorbier, appliquée, relance notre philosophe en lui demandant si, par hasard, l’éducation ne serait pas la solution au racisme. Réponse : « La solution, ça passe évidemment par l’éducation, mais il ne faut pas être naïf, c’est-à-dire que les personnes qui électrisent le débat, qui ne veulent pas le changement dans la société, elles sont éduquées – il faut jamais oublier ça en fait. Parfois c’est une volonté, vraiment, de rester dans un schéma de domination des Blancs sur les non-Blancs, parce qu’encore une fois, cette domination permet à certaines personnes d’exister, tout simplement. » France Culture ne pouvait passer sous silence les réflexions stupéfiantes de Lilian Thuram : moins élaborées que celles de Rokhaya Diallo, elles ne manquent pas d’une primitive spontanéité – proche de l’imbécillité la plus pure – et d’une archaïque ingénuité – voisine de celle qui illumine parfois les propos de Sandrine Rousseau – qui imposent le respect et la bienveillance. De mauvais esprits rigolards escomptent que, pour compléter sa pensée bichrome, Lilian Thuram, après Mes étoiles noires et La pensée blanche, écrira un jour un livre sur ce qui semble, selon eux, lui faire le plus défaut, à savoir la matière grise. C’est se moquer à peu de frais et je ne mange pas de ce pain-là. En revanche, je ne résiste pas à l’envie de rapporter une autre anecdote racontée par notre philosophe à crampons dans son dernier ouvrage : « Un soir, je décide de téléphoner à mon ami d’enfance, Pierre. “Allo, Pierre ? Ça va ? – Salut, Lilian. Ça va, et toi ? – Dis-moi, je peux te poser une question ? – Vas-y. – Pierre, est-ce que tu as le sentiment d’être blanc ?” – Je sens une hésitation au bout du fil. – “Quoi ? Je ne comprends pas bien. – Pierre, tu es d’accord que je suis noir ? – Ben, ouais. – Si moi je suis noir, toi tu es quoi ? – Ben… je suis normal.” – Je me suis mis à rire. – “Tu es normal ? Donc moi je ne suis pas normal ? – Non, c’est pas ce que je veux dire… tu comprends ?” – Pierre et sa drôle de réponse pleine de spontanéité m’ont permis de mettre le doigt sur quelque chose d’essentiel et de profondément ancré : même si vous êtes une personne exceptionnelle, vous pouvez sans vous en rendre compte revêtir le masque blanc de la normalité. » Les mots me manquent…

On ne naît pas raciste, on le devient 

En fait, et ce n’est pas le plus drôle, M. Thuram ignore qu’il menace de devenir ce qu’il dénonce, et d’incarner très exactement l’aphorisme qui trône en majesté sur le site de sa fondation: « On ne naît pas raciste, on le devient ». Au fil du temps, de ses rencontres et de ses intérêts, le sportif adulé par les Français s’est transformé – bêtement, maladroitement, mais indéniablement – en chantre du racialisme (et il faudra bien un jour définir ce qui différencie le racialisme du racisme) voire du racisme anti-Blancs. Son désir n’est pas que « nos pensées ne soient plus jamais dictées par la couleur de peau » mais, au contraire, que la couleur de peau détermine les actuelles et futures relations entre les individus sur la base d’un règlement de comptes historique reposant lui-même sur des dualités figées et hostiles : bourreaux/victimes, dominants/dominés, coupables/innocents, Blancs/Noirs. 

Le plus triste est que M. Thuram ne se rend visiblement pas compte, à l’inverse par exemple de Rokhaya Diallo ou Maboula Soumahoro qui savent pertinemment ce qu’elles font, qu’il alimente ainsi tous les ressentiments, toutes les rancunes, toutes les aigreurs qui aboutiront inévitablement à l’édification d’une société conflictuelle et raciste. 

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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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