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Les scribouillards de la Nupes


Les scribouillards de la Nupes
La députée du Val-de-Marne LFI Mathilde Panot, Paris, décembre 2022 © Chang Martin/SIPA

La Nupes a déposé pas moins de 3380 amendements au projet de réforme des retraites discuté à l’Assemblée nationale. Cette opposition en carton d’une gauche irresponsable offre au gouvernement une justification pour user de tous ces procédés constitutionnels désagréables tendant à canaliser le pouvoir législatif, déplore notre contributeur.


A l’heure de l’examen parlementaire d’une réforme cruciale pour notre solidarité intergénérationnelle, les petits gribouilleurs de la Nupes ont encore une fois prouvé leur imposture.

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Tandis qu’ils remplissent l’air du Palais Bourbon de leurs gémissements et donnent à profusion des arguments à toute la pensée anti-parlementaire et à la défiance du peuple envers le pouvoir, les mêmes qui déshonorent la République et ses institutions avec un flegme racailleux annihilent toute perspective de débat serein avec leur logorrhée sous-législative.

Des députés de gauche immatures

En effet, dans la mesure où le gouvernement a décidé d’emprunter le canal législatif prévu à l’article 47-1 de la Constitution – lequel prévoit que l’Assemblée nationale ne dispose que d’un délai réduit de 20 jours après le dépôt du projet de loi afin de l’examiner, avant que le Sénat ne soit automatiquement saisi même en l’absence de vote – le sens des responsabilités appelle la représentation nationale à investir pleinement et sans filouterie le peu de temps réservé au débat parlementaire. Or, les sept mois qui précèdent n’ont cessé de démontrer chaque jour que la Nupes n’a pas encore été effleurée par l’idée de maturité.

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L’actualité nous offre encore une illustration probante de la vacuité de ces invétérés disciples de la chienlit. Sur un projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale qui ne contient que 20 articles, la France Insoumise a déposé 3380 amendements, les écologistes 1329, et les socialistes 1244. La plupart de ces amendements sont de plaisants doublons, des cavaliers législatifs, des copier-coller aussi machinaux qu’inconsistants, d’illusoires demandes de rapport, des reports d’entrée en vigueur de la réforme jusqu’à l’année 2100, et autres éléments que sait parfaitement engendrer la friponnerie des gens qui s’amusent. Dans ce cortège textuel de farces et attrapes, Madame Rousseau a déposé 337 amendements, dont près de 140 qui ne visent qu’à modifier le texte chiffre par chiffre, indice par indice, et année par année. Même degré d’inconséquence de la part des députés LFI qui ont chacun déposé une quarantaine d’amendements quasiment tous identiques, et ainsi du côté des écologistes qui n’éprouvent manifestement aucun scrupule à polluer la planète en inondant la base de données de l’Assemblée nationale de leurs détritus normatifs.

L’Assemblée en voie de zadification

Les seuls bons élèves de cette comédie – non pas au sens où ils n’opposent aucune résistance au projet de loi mais au sens où ils s’opposent sur le fond ou complètent le texte de façon constructive – sont le groupe Gauche démocrate et républicaine (276 amendements), Les Républicains (633 amendements), ou encore le Rassemblement national (76 amendements).

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Dans un dédale d’amendements qui feront autant pleurer les électeurs que rire les étudiants en droit, se côtoient les hors-sujets et les extravagances d’élus de la nation qui ont oublié que l’obstruction parlementaire est le meilleur allié du gouvernement, et surtout la prodigieuse justification de tous ces procédés constitutionnels tendant à canaliser les pouvoirs d’un Parlement qui aurait l’indécence juvénile de se prendre pour une ZAD.




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