Accueil Monde CHAN en Algérie: une nouvelle étape franchie dans les tensions algéro-marocaines

CHAN en Algérie: une nouvelle étape franchie dans les tensions algéro-marocaines


Les Algériens jalouseraient-ils les excellentes performances de l’équipe marocaine?


La Coupe du monde achevée, c’est une autre compétition qui se tient actuellement en Algérie. Le CHAN (Championnat d’Afrique des nations) oppose du 13 janvier au 4 février 2023 les sélections nationales du continent, à cette nuance près que ne sont autorisés à participer que les joueurs qui évoluent dans leur championnat domestique. Se tenant en Algérie, l’édition 2022 a été marquée par d’importantes tensions extra-sportives et les discours musclés de sa cérémonie d’ouverture.

Les faits ont commencé le 3 janvier, moment où l’Algérie a été saisie par la Confédération africaine de football (CAF) afin d’ouvrir son espace aérien à l’avion affrété pour transporter les joueurs de l’équipe de football du royaume chérifien. De nombreux observateurs se disaient alors qu’Alger finirait par céder, ne pouvant se montrer trop obstinée face à sa puissante fédération voisine forte de son statut de demi-finaliste de la dernière Coupe du monde – un résultat inédit pour une équipe africaine. Quelques jours avant la compétition, le président de la fédération royale marocaine de football avait saisi la CAF et le comité de l’organisation du CHAN afin de pouvoir déposer les joueurs à Constantine.

Hostiles Algériens

C’est encore peu su sous nos latitudes, mais l’Algérie interdit aux avions civils et militaires marocains, ainsi qu’à ceux portant un numéro d’immatriculation marocain, de survoler son espace aérien depuis le 22 septembre 2021. Prise lors de la réunion du Haut conseil de sécurité algérien réunie sous le patronage du président Abdelmajid Tebboune, cette décision a marqué un net recul dans des relations bilatérales déjà tendues entre les deux pays frontaliers. Elle est intervenue après l’ouverture de vols réguliers entre Israël et le Maroc, suite logique des accords d’Abraham.

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Visiblement, l’Algérie semble résolue à adopter une diplomatie hostile et « non alignée », sur le modèle irano-coréen. Alger fait preuve d’une intransigeance totale, sa presse nationale faisant désormais référence au Maroc sans cesser de mentionner Israël à ses côtés, État qui n’est nommé que sous le sobriquet « d’entité sioniste ». Le cas du CHAN est une étape supplémentaire de franchie dans cette guerre froide menée par une Algérie en tête de file des pays perturbant le développement pacifique du continent africain.

Une cérémonie d’ouverture instrumentalisée

Le refus par Alger d’accepter l’équipe marocaine venue par un vol direct Rabat-Constantine a été à juste titre ressenti comme une humiliation et un affront. Le président Tebboune a d’ailleurs poussé le vice jusqu’à demander une escale à Tunis, souhaitant ainsi faire plier les autorités sportives marocaines. Le sport doit-il ainsi être instrumentalisé par un pouvoir aux abois, qui se cherche des ennemis extérieurs pour masquer ses carences intérieures ? De la même manière que l’Algérie se sert de la France pour faire oublier à ses ressortissants une situation économique désastreuse, elle agite les rancœurs avec le Maroc en manipulant son opinion autour de la question du Sahara marocain, tentant régulièrement de provoquer une escalade militaire.

Invité à prononcer un discours lors de la cérémonie d’ouverture, le petit-fils de Nelson Mandela a embrassé le narratif anti-occidental d’un Poutine ou d’un Ali Khameini, incluant le Maroc dans cette rhétorique. Après avoir appelé au démantèlement du Maroc en soutenant le front Polisario publiquement, dans la droite lignée de l’extrême-gauche sud-africaine, il a indiqué que « sa » liberté « ne sera pas complète tant que la Palestine ne sera pas indépendante ». Nous ne savions pas que la Palestine était sur le continent africain, mais passons.

Peu après, une partie surexcitée de la foule a scandé des slogans hostiles et racistes contre les Marocains lors du match opposant la Libye à l’Algérie : « Donnez lui des bananes, le Marocain est un animal ». Un triste et terrifiant spectacle a été donné par une Algérie probablement jalouse des succès de ses voisins à la Coupe du monde, mais aussi par une partie des élites africaines qui n’ont pas compris que ces combats d’arrière-garde leur étaient totalement contre-productifs et les mettaient en marge de la marche du monde. Plus sage, la politique marocaine rejoint les standards européens. Il est d’ailleurs à craindre que les tensions ne s’intensifient à mesure que les écarts de développement économiques se creuseront…



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Gabriel Robin est journaliste rédacteur en chef des pages société de L'Incorrect et essayiste ("Le Non Du Peuple", éditions du Cerf 2019). Il a été collaborateur politique

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