Le dernier Mondial de l’automobile a été un triste rendez-vous. Finie la foule d’amateurs venus en famille, finies les belles carrosseries et les grosses cylindrées étrangères, adieu pin-up et hôtesses souriantes… L’heure est à la repentance sous l’égide d’un ordre moral écolo.
Je me suis autorisé à prendre un taxi pour aller au Mondial de l’auto. Il y a une sorte de cohérence à se rendre à ce genre de manifestation en voiture. Je voulais me renseigner. Ma voiture, Crit’Air 3, allait être bientôt interdite de centre-ville. J’ai quand même été un peu déçu de voir que le chauffeur avait besoin de chercher sur Internet pour savoir où ça se tenait.
La dernière fois que j’étais venu à ce salon, c’était avec mon père, il y a presque cinquante ans. Il m’avait accordé cette échappée à deux. C’est toujours bien, dans la vie, quand il y a un peu de place pour le plaisir. La cohue, à cette époque, était encore plus monstrueuse qu’au Salon de l’agriculture. Mon père croyait au progrès, au programme autoroutier, au peintre Matthieu et surtout à la voiture. En fait, il croyait à l’avenir du pays et peut-être même au mien par la même occasion.
Déprime au Mondial…
Le taxi m’a laissé à l’entrée du Palais des expositions. Il n’y avait pas de queue. Les gens ont dû prendre leurs billets sur Internet, me suis-je dit. Je me suis avancé sur l’allée principale, presque déserte. Cent mètres plus loin, une quinzaine de personnes, presque exclusivement des hommes, étaient agglutinées devant une colonne indiquant
