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La gauche a un problème d’autorité


La gauche a un problème d’autorité

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Petite devinette : quel est le point commun entre François Hollande, Jean-Marc Ayrault, Bruno Le Roux et Harlem Désir?

Réponse: ces quatre hommes tenant les postes clé de l’État et du PS manquent cruellement d’autorité. Ils dégagent un sentiment de flou général angoissant pour les Français. Si ce manque d’autorité n’a pas été préjudiciable lorsque le PS était dans l’opposition, il est devenu problématique pour un parti dit de gouvernement. Pour un président socialiste confronté à chaque instant à des prises de décision, pour des députés qui sont malheureux de s’aligner comme des godillots sur les bancs de l’Assemblée.

Martine Aubry, Ségolène Royal, Manuel Valls voire Jean-Christophe Cambadélis dégagent bon an mal an, à la différence  du quatuor précité, une image d’autorité. Mais après dix ans de gouvernements de droite, ils ne sont pas parvenus à se hisser au sommet de l’État. Est-ce une coïncidence?
Pas vraiment parce que le système représentatif solférinien est propice aux caractères conciliants, aux obscures synthèses de motions, aux alliances d’appareils et de clans. Les congrès du PS, quoi que verbeux, demandent une certaine habileté et de savantes combinaisons d’hommes. Voire des innovations complexes de sémantiques dont les « transcourants », menés par un certain François Hollande, furent le symbole.

Le socialiste se vante de placer l’égalité – pour ne pas dire l’égalitarisme- au-dessus de tout. Il se couvre toujours derrière un collectif. Il se souvient parfois de sa jeunesse gauchiste, à l’époque où, selon sa génération, « autogestion » et « démocratie des conseils ouvriers » étaient des slogans à la mode. Or, si la confrontation d’idée est appelée « débat » lorsqu’on est dans l’opposition, dans une majorité on appelle ça des « couacs ». Et la gauche vit toujours mal le renoncement à l’opposition pour l’austère discipline qu’exige l’action.

Car la méfiance envers le chef, la hiérarchie et l’ordre correspond au vieux fond pacifiste et antimilitariste qui berce les manifs lycéennes. Quand les leaders socialistes faisaient leurs premiers pas en politique. Le rejet du sarkozysme a servi de vaccin contre les personnalités autoritaires.

C’est un point commun au PS, aux Verts au Front de gauche. Dans ces deux dernières formations, bien que des personnalités à poigne et des ambitions émergent (Duflot et Mélenchon), elles ont toutes les peines du monde à assumer leur rôle de chef de parti. Cécile Duflot a inventé la participation sans soutien et Jean-Luc Mélenchon préfère son micro Parti de Gauche aux luttes d’appareil nécessaires pour contrôler le Front de Gauche. On ne veut plus être « premier secrétaire » ou « secrétaire général », encore moins « président », on préfère être « porte-parole » voire ministre. De fait, personne ne veut diriger les partis de gauche majoritaires car ils ont toutes les peines du monde à jouer leur rôle de caisse de résonance de l’action gouvernementale. Au PS, on ne se bouscule pas pour succéder à Harlem Désir. Finalement, sa mollesse fait bien l’affaire.

Plus grave, François Hollande, peine manifestement à s’imposer comme chef. Comme chef d’État. Il conduit la France comme il a conduit le congrès de Reims, mais un homme de parti ne fait pas toujours un homme d’État. L’esprit de synthèse si utile pour rassembler des courants contraires est un handicap lorsqu’il faut décider. D’ailleurs on ne décide plus, on arbitre.  Peu à peu, François Hollande est le symptôme d’une société qui a perdu l’initiative et d’un gouvernement sans gouvernail qui se contente de trouver un poids moyen entre différents lobbies. C’est la victoire de la gestion sur la politique.

*Photo : MISTRULLI LUIGI/SIPA. 00629263_000001.



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est responsable des questions internationales à la fondation du Pont neuf.

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