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La sottise des élites

Remis en liberté, les carnets d'Ivan Rioufol


La sottise des élites
Emmanuel Macron / ©Brendan Smialowski/AFP

Rien n’est à attendre du macronisme empli de vide prétentieux. Le président gadget ne proposera jamais que des riens bavards: Conseil national de la refondation (boycotté par la droite et des syndicats), conventions citoyennes de béotiens, grands débats cornaqués… Il y a urgence à arrêter la casse.


Emmanuel Macron, réformiste ? La blague. L’auteur de Révolution restera dans l’histoire de la chute française comme le président des « petits gestes » : se laver les mains, porter le masque, éviter le sèche-linge, préférer le col roulé, etc. Confronté à ce moment vertigineux d’un pays qui s’écroule, le chef de l’État contemple le désastre les bras ballants. Néron, au moins, savait jouer de la lyre. Des sons débordent de la bouche élyséenne, dans une jactance commune aux impuissants. Pendant ce temps, les citoyens se laissent gagner par un sentiment d’abandon. Le 8 décembre, le président a cru utiliser les mots justes pour répondre à l’écho de cette détresse humaine. Il a tweeté : « Ce qui guide mon action, c’est de protéger nos concitoyens, de protéger notre jeunesse. Je vous réponds donc : banco, nous allons le faire. » Mais il répondait à l’animateur de télévision Christophe Dechavanne qui lui demandait d’étendre la gratuité des préservatifs aux mineurs. « Il a dit banco ! » s’est félicité immédiatement Clément Beaune, le ministre délégué aux Transports. Le macronisme a définitivement capoté ce jour-là.

Il n’y a plus que l’armée qui tienne encore debout. Et encore… Les autres grandes institutions s’effondrent. Macron a lui-même cassé en 2022 le peu qui fonctionnait encore : l’ENA, le corps diplomatique, les préfets. En avril 2021, vingt généraux en retraite s’étaient fait taper sur les doigts pour avoir alerté : « L’heure est grave, la France est en péril […]. Notre honneur aujourd’hui tient dans la dénonciation du délitement qui frappe notre pays. » Délitement : le bon diagnostic. Mais ce mal affecte également la défense : les stocks militaires, épuisés entre 2007 et 2016, n’auraient pas été reconstitués (rapport de l’IFRI) en dépit de la montée des tensions internationales. Nos munitions, expédiées pour partie en Ukraine agressée, n’assureraient que quelques jours de canardage en cas de conflit. Pour le reste, tout tombe en bottes : l’école, l’hôpital, la justice, la sécurité, l’industrie, l’économie, la cohésion nationale. Les Français doivent se préparer à ressortir les bougies et les mitaines, en cas de coupures d’électricité. C’est une France saccagée, sabotée par ses propres dirigeants, qui se tiers-mondise dans une impressionnante accélération de l’histoire.

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J’exagère ? Voici trente ans et plus que j’entends la rengaine. Mais ce ne sont plus seulement les « déclinistes » – ainsi nommés par ceux qui ne voulaient rien voir – qui radotent sur la nation fragile, la brutalité des humanitaristes, l’iniquité de la préférence étrangère. Nombreux sont ceux qui reconnaissent désormais que la France ne se relèvera pas indemne des maltraitances qu’elle reçoit des fanatiques de la société ouverte et indifférenciée. Dans Le Figaro du 5 décembre, Jacques Julliard, divine surprise, est venu en renfort des mal-pensants. Il écrit : « Notre déclin, nous l’avons fabriqué de nos propres mains, par démagogie sans doute, mais surtout par inintelligence des situations et même, disons le mot au pays qui s’enorgueillit sans cesse du rôle de ses intellectuels, par la sottise la plus difficile à combattre, celle des gens intelligents. » Cette sottise des élites est au cœur de la chute. La France n’est plus reconnue dans le monde que pour sa baguette et pour son équipe de foot. Julliard serait-il devenu « populiste » en marquant sa rupture avec la classe moutonnière, ses errements idéologiques, sa « dégénérescence » ? Saluons le (lent) parcours de l’homme de gauche. Il ne lui reste plus qu’à reconnaître qu’il parle comme les « réacs » et les « ploucs ». En attendant, le paysage intellectuel est un champ de ruines. « L’intellectuel français est mort », avait prévenu Régis Debray (D’un siècle l’autre). Une certitude : le salut ne viendra pas de ceux qui, toujours en place, nous ont plongés dans cette horrible époque.

Une guerre civile menace la France [1]. Elle a entamé depuis longtemps ses répétitions générales, à travers les affrontements lancés quotidiennement par la contre-société immigrée contre la France et ses indigènes. Même le sport, présumé pacificateur, sert de prétexte aux nouvelles intifadas. C’est la nation arabe, fédérée autour de l’équipe du Maroc, qui s’est affirmée lors du Mondial et qui a parfois cherché l’affrontement en France. L’ancien patron des services secrets, Pierre Brochand, le reconnaît lui-même dans un texte remarquable de lucidité publié le 6 décembre dans FigaroVox: « J’estime que, de tous les défis qu’affronte notre pays, l’immigration est le seul qui menace la paix civile. »

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Le pays fracturé est laissé à un président immature qui s’énerve d’être contrarié. « Il est méchant », avait dit de lui Manuel Valls avant de lui faire la danse du ventre. Il est aussi obtus, insensible aux souffrances existentielles de son peuple. Macron a dénoncé l’autre jour, visant Éric Zemmour qui venait de le critiquer, ceux qui « falsifient » l’histoire. Mais lui-même reprend cette fable propagandiste d’une France qui « a toujours été un pays d’immigration ». Son projet de loi sur l’immigration, qui sera discuté en janvier, ne fera pas obstacle à la poursuite du peuplement de masse qui change la population. En 2020, 28,7 % des nouveau-nés avaient au moins un parent extra-européen, selon Michèle Tribalat. En 2017, 80 % des jeunes de La Courneuve étaient d’origine étrangère. À ce rythme, que restera-t-il de la France française à la fin du siècle ? Au mieux, quelques réserves de Gaulois, ces nouveaux Indiens rescapés du génocide culturel.

Rien n’est à attendre du macronisme empli de vide prétentieux. Le président gadget ne proposera jamais que des riens bavards : conseil national de la refondation (boycotté par la droite et des syndicats), conventions citoyennes de béotiens, grands débats cornaqués. L’urgence pour les Français est d’arrêter la casse, en chassant au plus vite les démolisseurs. Je veux croire que Bernanos a encore raison : « On ne refera pas la France par les élites, on la refera par la base. »


[1] De l’auteur, La guerre civile qui vient, Pierre-Guillaume de Roux, 2016

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Janvier 2023 – Causeur #108

Article extrait du Magazine Causeur




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Journaliste, éditorialiste, essayiste. (ex-Le Figaro, CNews, Causeur)

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