Que deviennent les hommes à l’heure où la révolution des moeurs – la révolution morale – souffle en tempête sur l’Occident ?
Le discrédit dont pâtissent les hommes sous les coups de boutoir de la révolution morale poursuit son inexorable chemin. Où cela conduit, personne ne le sait. Mais la violence gagne partout du terrain. Il y a urgence à réagir. Pas pour défendre la cause des hommes au sens d’un idéal à promouvoir, mais pour éclairer la situation furieusement dégradée qu’ils subissent en Occident. Car quel idéal masculin à défendre ? Si les femmes, contrairement à l’implicite postulat de MeToo, ne sont pas des anges, les hommes ne sont vraiment pas des petits saints. À eux la majorité des violences, justement, et en progression constante. Sans nous attarder sur le cas du malheureux Adrien Quatennens, écrasé sous le poids de la « vérité » assénée par son épouse en instance de divorce (elle le dit violent, donc, pour les louves de sa propre meute, il l’est sans l’ombre d’un doute, accusation fondée ou pas nous n’en savons rien), considérons par exemple les liens établis entre immigration et délinquance. Sauf pour les commentateurs affligés d’une cécité incurable, ces liens ne souffrent aucune contestation. Darmanin, spécialiste des constats prudents, l’a reconnu lui-même devant l’Assemblée nationale, le 2 novembre : « Une partie des étrangers dans les grandes métropoles commettent l’essentiel des actes de délinquance ». Cette réalité occulte cette autre réalité, tout aussi évidente, que la délinquance d’origine immigrée est, pour l’essentiel, le fait non des femmes, mais des hommes. Et secondairement non des hommes, mais des jeunes hommes, des « jeunes », ceux des quartiers « sensibles », c’est-à-dire explosifs, sans doute par opposition aux quartiers insensibles, c’est-à-dire calmes et pacifiques. Les euphémismes ont souvent le paradoxe risible. À ces jeunes hommes farouches s’ajoutent, nul ne l’ignore, les coups de folie des migrants illégaux et le vagabondage des mineurs isolés, cette bombe à retardement dont, en France, l’affaire de l’Ocean Viking a raccourci la mèche.
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Partons de là : les trublions des cités ont des circonstances atténuantes. Preuve en est non pas la mansuétude de la justice à leur égard, si fréquente soit-elle, mais le fait qu’il ne s’agit jamais de jeunes issus de la communauté asiatique, certes beaucoup moins nombreuse et nettement moins regroupée en territoires perdus. Il n’est pas absurde de penser que ces derniers sont mieux intégrés à la société française. Défendre la cause des hommes signifie, en ce cas, se pencher sur les raisons qui expliquent pourquoi les uns sèment à tout bout de champ le bruit et la fureur, et pourquoi pas les autres. On pourra alléguer mille raisons, l’éclatement des familles, l’effacement des pères, les carences de l’éducation, la valorisation traditionnelle des garçons, une moindre appétence aux études que les filles, l’amertume née du colonialisme, l’influence des prédicateurs islamistes, les facilités offertes par le trafic de drogue. Il y a pléthore de raisons, dont l’ensemble se traduit par une inadaptation massive aux compétences nécessaires au fonctionnement huilé de l’économie libérale, d’où les emplois bas de gamme réservés à ceux qui veulent s’en sortir. Étant admis, naturellement, que certains s’en sortent par le haut, rendant utile de connaître les ressorts de ce quasi-miracle, et d’autre part que les carrières flamboyantes ouvertes aux sportifs d’élite ne concernent par définition qu’une poignée des jeunes mâles désœuvrés.
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Aucune politique de la ville ne parvient à réduire cette tumeur devant laquelle l’État, colosse adipeux et en même temps anémié, cherche des remèdes toujours plus coûteux et toujours plus stériles. Le discours de répression en vigueur n’obtient que la morne répétition des impasses. Comment traiter la sauvagerie quand on procède à coups de menton et de discours lénifiants où le vivre-ensemble sert de totem dérisoire, tandis que les élus des municipalités soumises achètent l’électorat qui leur sert de marchepied ? Réponse : certainement pas en minant systématiquement la fierté que les jeunes mâles issus de l’immigration conservent de la prééminence légitimement attachée, selon eux, à leur virilité. Cette fierté, ils la conservent, mais sous la pire des formes, celle des violences qu’ils répandent et du pouvoir archaïque qu’ils imposent aux filles. Leur arrogance signe leur errance. Après les tueries de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher en janvier 2015, Virginie Despentes, on s’en souvient, a loué l’héroïsme des tueurs, la fierté de « ceux qui venaient de s’acheter une kalachnikov au marché noir et avaient décidé, à leur façon, la seule qui leur soit accessible, de mourir debout plutôt que vivre à genoux. J’ai aimé aussi ceux-là qui ont fait lever leurs victimes en leur demandant de décliner leur identité avant de viser au visage. J’ai aimé aussi leur désespoir ». Cet éloge abject, qui aurait dû conduire la pseudo-rebelle à observer un silence définitif et ses thuriféraires à se détourner d’elle à jamais, renfermait malgré tout une vérité sans laquelle aucun remède efficace ne sera apporté au marasme des cités. Question : la seule façon qui leur soit accessible, vraiment ? Mais si tel est le cas, le destin de ces jeunes hommes justifie leur désespoir. Sauf que ce n’est pas le cas, à moins que Despentes ne les juge trop dépourvus d’avenir et de cervelle pour être autre chose que des tueurs. Et donc, si ce n’est effectivement pas le cas, en quoi la France échoue-t-elle à éliminer la barbarie de ces meurtriers sans âme ni conscience, caricature sanglante de la violence des « quartiers » ? La cause des hommes, en la circonstance, consiste en l’indispensable examen d’une faille mortelle pour la République et en la recherche de solutions qui se gardent de les réduire à la part maudite de l’humanité.
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