Avec la guerre en Ukraine, l’Allemagne est au bord d’une crise politico-économique majeure. Pour éviter le pire, le chancelier Olaf Scholz tend la main aux pays de l’Est, à la Chine et noue des partenariats avec les Etats-Unis. Un nouveau cap qui exclut le « couple » franco-allemand.
« Nous devons serrer les rangs, apaiser les vieux conflits, rechercher de nouvelles solutions ». À l’université Charles de Prague, le lundi 29 août, Olaf Scholz abat ses cartes. Il propose un plan à l’Europe : son recentrage à l’Est, sous la gouverne de l’Allemagne, garantie d’un rééquilibrage politique et de son arrimage consolidé à un « partenaire fort, les États-Unis de Joe Biden », via l’OTAN. Pas une fois, le chancelier allemand ne cite la France dans son discours. Les penseurs du « couple » franco-allemand – concept inventé sur les bords de Seine que l’on traduit du côté des berges de la Spree par le « moteur » franco-allemand – s’en émeuvent, sans bien mesurer la profondeur et la portée de la mue en marche de l’autre côté du Rhin. Depuis, les confirmations s’enchaînent. Pour donner encore plus de poids à son ouverture, le « roi Olaf », comme le surnomment les médias outre-Rhin, a tendu la main à tous les États frappant à la porte de l’Union européenne sur ses marges orientales. L’Ukraine, évidemment, mais aussi la Moldavie et la Géorgie. Et les six pays des Balkans : la Serbie, le Monténégro, le Kosovo, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine du Nord, l’Albanie.
Pour crédibiliser cette Europe à 36 relevant d’une vision plus que d’un projet politique, tant les obstacles sont nombreux, le dirigeant allemand plaide encore pour l’abandon à terme de la décision à l’unanimité sur les sujets stratégiques, comme la politique étrangère ou la fiscalité. Sa proposition parle aux Français : les diplomates berlinois la poussent à Bruxelles pour l’exportation des matériels de guerre. Ce dossier est l’objet d’un contentieux majeur avec Paris sur les programmes en commun. Les Verts allemands ayant imposé aux coalitions successives l’interdiction de vendre ces matériels aux États réputés en délicatesse avec les droits de l’homme, les autorités cherchent à s’extraire des accords bilatéraux existants en promouvant l’harmonisation des règles au niveau de Bruxelles, avec un mécanisme de gouvernance à la majorité qui leur permettrait de gérer les dossiers au gré de leurs intérêts en s’appuyant sur leurs alliés ; une façon détournée de rétablir l’équilibre avec les industriels français, pour lesquels le Moyen-Orient représente un gros débouché.
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