Beaucoup de ceux qui veulent interdire la corrida et qui accusent ses défenseurs d’être des sadiques font preuve d’une incompréhension profonde de ce spectacle et projettent sur leurs adversaires leur propre agressivité.
La proposition de loi visant interdiction de la corrida sur le territoire a été reportée aux Calendes grecques. Les Saint-Just au petit pied en sont donc cette fois-ci pour leurs frais, qui se voyaient déjà mettre hors la loi les « aficionados », comme au bon vieux temps de la Convention Révolutionnaire, où un discours bien balancé et démagogique d’un « montagnard » pointant un « girondin » pouvait signifier incitation à comparaître dès le lendemain devant le rasoir national.
Il est vrai que nombre de députés La France insoumise ne jurent, comme leur patron, que par Robespierre.
Mais au-delà de ceux qui n’aiment pas la corrida, il y a le sous-ensemble de ceux qui veulent l’interdire à tout le monde. Et ceux-ci n’abandonneront certainement pas de sitôt leurs velléités de régenter les mœurs de leurs concitoyens, sur les principes de leur sainte inquisition. A ceux là, on peut opposer d’avance quelques objections fondamentales :
- Pourquoi interdirait-on la corrida et n’interdirait-on pas tout abattage d’animal vivant pour la consommation de sa viande ? Ce qui se passe dans les abattoirs est, nous le savons tous, le plus souvent totalement sordide, dans des conditions de détresse, d’angoisse et de souffrance qui sont totalement insupportables à regarder lorsque des images nous en parviennent. Ceux qui veulent interdire la corrida ne le peuvent faire sans mauvaise foi s’ils ne sont pas végétariens. Ils acceptent la souffrance animale pourvu qu’ils ne la voient pas. Et pourtant les vaches et les bœufs, les veaux et les agneaux, les poulets et les canards ne sont pas dans le paysage (pour ceux qui ont la chance de ne pas vivre en batterie) pour faire joli. La corrida au moins regarde la mort en face, et l’assume.
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- A quel titre des gens qui ne connaissent la corrida que par ouï-dire, qui n’ont jamais pris la peine de se faire expliquer ce que c’est, et qui bien sûr n’en ont jamais vu, à quel titre ces gens-là pourraient-ils décider de l’interdire ? C’est imposer à autrui sa propre vision, et l’adoption d’une telle loi, si elle devait arriver un jour, serait un abus d’autorité sous apparence démocratique. Si une décision qui ne concerne que certaines villes de quelques régions du sud de la France est prise par l’ensemble des députés représentant l’ensemble du pays, il s’agit bien d’une absurdité démocratique. Ce qui concerne les villes taurines doit être décidé par les villes taurines, tout le reste n’est que gesticulation démagogique pour satisfaire des gens qui ne sont pas concernés par la question.
Beaucoup d’anti-corrida semblent penser que les aficionados sont des sadiques, qui prennent plaisir au spectacle du sang et de la souffrance, des espèces de monstres inhumains et barbares. L’argument de la « jouissance » que provoquerait la souffrance (supposée) de l’animal est d’ailleurs celui que développe depuis longtemps Michel Onfray, que l’on a connu mieux inspiré. A ceci on peut opposer deux arguments :
Les portraits que l’on peut entendre de la part des « anti » sur ce que sont les « pros » démontrent une absence totale de connaissance de la psychologie et de la personnalité des aficionados. Nul besoin d’être fin psychologue pour comprendre que les « antis » projettent dans l’âme des « pros » un sadisme fantasmé qui ne peut être que celui dont, croient-ils, eux-mêmes jouiraient devant le spectacle taurin. En véritables inquisiteurs ils veulent mettre à l’index ce qui, dans leur imaginaire, est objet de tentation.
Enfin, terminons en faisant remarquer que les insultes particulièrement menaçantes dont furent victimes les personnalités qui se positionnent « pour » reflètent de la part de ceux qui les profèrent un niveau de violence latente, d’agressivité irrépressible, de pulsion guerrière dont le sadisme sous-jacent n’a rien à envier à celui qu’ils supposent aux aficionados.
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