Les prestations sociales représentent 31 % du PIB. En se faisant assureur universel, l’État providence garantit surtout un système économique qui accroît les inégalités. C’est l’un des symptômes du déclin.
La situation française repose sur un curieux paradoxe. Partout, dans la presse progressiste, aux micros des radios publiques, dans les universités de sciences sociales ou les meetings de la Nupes, on ne cesse de dénoncer un néolibéralisme qu’on suppose omniprésent, omnipotent et responsable de toute la misère du monde. Pourtant, il y a un indicateur qui ne trompe pas : notre pays est le champion de monde de la dépense publique. En 2021, derniers chiffres connus, celle-ci a atteint 1 475 milliards d’euros, ce qui représente 59 % du PIB. En 2020, au plus fort de la crise du Covid, le taux de 60 % a même été dépassé. Aucun pays européen, et a fortiori occidental, ne fait davantage (seuls les pays scandinaves approchaient autrefois ces montants, mais depuis les années 2000, la France les a doublés). Cette tendance à la hausse est d’ailleurs ancienne puisqu’elle débute dans les années 1970 sous Valéry Giscard d’Estaing, qui fut le président le plus socialement généreux et dont la politique de relance, en 1975, a dépassé, et de loin, les prodigalités très mesurées de 1981 et 1982. Encore faut-il préciser ce que représente ce taux de dépense publique : il ne signifie pas que l’État aspire, pour la faire disparaître, 60 % de la richesse produite ; il signifie que chaque année entre le 1er janvier et le 31 décembre, 60 % de ce qui est créé passe entre les mains de l’État pour être redistribué, sous la forme, par exemple, de traitements payés aux fonctionnaires, d’investissements ou, de plus en plus, de prestations sociales. À ce titre, comme le remarquait déjà le
