En France, on dit que l’insécurité est rampante. Au Salvador, autrefois le pays le plus violent d’Amérique latine, le président a montré qu’on peut surmonter ces problèmes si on fait preuve de suffisamment de volonté politique.
Cadet d’Emmanuel Macron, Nayib Bukele, président du Salvador, ne fait pas dans l’art du « en même temps ». Résolu à endiguer le fléau des maras, ces bandes qui terrorisent les Salvadoriens – en un seul week-end, 87 personnes avaient été assassinées par ces criminels tatoués de la tête aux pieds –, le président a mis son pays en état d’urgence le 27 mars. Sept mois plus tard, le nombre de prisonniers accusés d’être liés aux maras est de près de 60 000, contre environ 16 000 en mars. Au total, on estime que les maras comptent 76 000 membres dans le pays. Pour loger tout ce beau monde, le gouvernement est en train de construire un « centre de confinement du terrorisme ». Doté de caméras thermiques et de rayons X, il pourrait accueillir jusqu’à 40 000 personnes. Sur un total de 6,5 millions d’habitants, c’est 1,7 % de la population adulte salvadorienne qui vit désormais derrière les barreaux. Dernière trouvaille, menacer d’arrêter de nourrir les délinquants emprisonnés si leurs collègues continuent à massacrer leurs concitoyens à l’extérieur. Une tactique qui paie : le taux d’homicides est en baisse continue et le Salvador, jadis le pays le plus violent d’Amérique latine, est aujourd’hui 12e des 35 pays des Amériques[1]. Tandis qu’Amnesty International s’inquiète des atteintes aux droits de l’homme, la population exulte. Selon des études, près de neuf Salvadoriens sur dix approuvent la politique du gouvernement. Enivré par cet encensement, Nayib Bukele a décidé de faire fi de la Constitution et de briguer un second quinquennat dès 2024 ; la validation de sa candidature dépendra de la Cour suprême. Quoi que l’on pense de cette main de fer, du sort réservé aux prisonniers et des intentions du président, cette spectaculaire inversion de la situation démontre qu’en matière d’insécurité, tout n’est qu’affaire de volonté politique.
A lire aussi: Brésil: le retour de la monarchie impériale?
[1]. Selon le Global Organized Crime Index. Voir aussi Mary Speck, « El Salvador Needs Long-Term Solutions to End Cycles of Violence », United States Institute of Peace, 6 avril 2022.