La CGT fait durer le mouvement en dépit des offres salariales : dans ce grand bazar, ce sont les Français qui souffrent à cause d’un « droit de grève » devenu intouchable.
Vote sur la poursuite de la grève chez Total : qui est pour, les mains se lèvent. Evidemment, c’est une mascarade et tout le monde le sait, qui oserait ne pas lever la main ? La démocratie semble être le cadet des soucis de la CGT. Ce qui compte, c’est de mener le combat, et donc tous les moyens sont justifiés quand la cause est noble.
Nous sommes dans un pays où les décideurs, et singulièrement l’Etat, ont pour stratégie de ne jamais prendre de position ferme, de décision claire, et de laisser les choses aller en se disant que cela finira bien par s’arranger. C’est un peu la fameuse devise de François Hollande : « Ça tiendra bien jusqu’en 2017 ». Une attitude dangereuse que certains savent mettre à profit.
Plus le désordre et le chaos progressent et plus la CGT comme la NUPES se frottent les mains. Car au fond il saute aux yeux que ces problèmes de salaire ne sont, comme souvent, que le prétexte à une action délibérément politique. La CGT, comme tous les syndicats de la gauche radicale, situe toujours son action dans le cadre de la lutte des classes. Raison pour laquelle sa priorité en ce moment n’est pas la sortie de crise, et ce qui explique aussi son refus des offres salariales acceptées par les autres syndicats.
L’important est de faire durer le mouvement et de l’étendre le plus possible.
En principe, une grève constitue un moyen de pression sur l’employeur pour l’amener à négocier avec ses salariés. Ce moyen de pression consiste, en arrêtant le travail, à créer pour l’employeur un arrêt total ou partiel de ses activités, et donc des pertes financières. La grève n’a de sens et d’utilité que si elle gêne l’employeur, si elle le fait suffisamment souffrir pour l’amener à satisfaire tout ou partie des revendications.
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Est-ce qu’en ce moment Total souffre beaucoup ? Certainement pas, pour une entreprise d’une telle dimension, ce genre de problème s’absorbe facilement. Par contre, des millions de Français souffrent réellement des pénuries de carburant. Et ce n’est pas un vain mot, car certains souffriront au sens propre, faute de soins, faute de moyen de se déplacer, faute de pouvoir vivre tout simplement ce qu’ils ont à vivre. Il en est même sans doute qui mourront pour telle ou telle raison qui ne serait pas survenue sans cette crise des carburants.
Ce genre de grève qui fait souffrir le peuple et non le patron, ce qui est complètement absurde, ne peut se comprendre que si l’on considère que faire subir la crise par les Français est l’objectif. Encore une fois un objectif politique qui vise à créer ce chaos social, qui est un des modus operandi préférés des syndicats et des partis qui raisonnent en termes de lutte des classes. Mettons le bazar, il finira bien un jour par en sortir quelque chose. Et même si cette méthode d’action à base de crise sociale ne porte pas de fruits utiles, elle représente la raison d’être, le fond de commerce, de ces syndicats et des ces partis.
Déjà des salariés des centrales nucléaires sont en grève. Comme le pays est appelé à vivre un hiver difficile, faute d’énergie suffisante, l’occasion est trop belle. La grève va permettre de retarder la remise en route de réacteurs dont nous avons cruellement besoin. Et qui souffrira de cette situation ? Les dirigeants d’EDF ? Les dirigeants des syndicats ? Les ministres, le président ? Non, comme toujours les plus petits souffriront le plus, c’est inévitable. Tout ça pour créer une « convergence des luttes » en vue d’un changement de politique…
Et tout le monde semble trouver cela normal. Parce que l’on se paie de mots sur le sacro-saint droit de grève. Mais en l’occurrence, le droit de grève est détourné de son sens réel, exactement comme le droit d’asile l’est par des gens qui veulent profiter de notre paradis social, comme la liberté individuelle l’est par ceux qui font du prosélytisme vestimentaire à l’école.