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Les étranges manières de notre consulat général à Jérusalem


Discrètes et filles de l’ombre, il est rare que des missions diplomatiques fassent la une des journaux. Pourtant, comme on vient de le voir à deux reprises avec des membres de son personnel hauts en couleur, le consulat général de France à Jérusalem est l’exception à la règle. À deux mois de la visite de François Hollande en Israël et en Palestine, deux affaires embarrassantes éclatent au moment où le nouveau consul général, Hervé Magro, prend ses fonctions, succédant à Frédéric Desagneaux, dont le départ laisse indifférents les Israéliens.

Après l’expulsion d’André Masson, arrêté au pont Allenby avec passeport de service et plaques consulaires, alors qu’il transportait une cargaison inhabituelle (152 kilos d’or en lingots, 500 kilos de tabac, des chèques pour plus de 2 millions de dollars et des centaines de téléphones portables neufs), la France aura l’élégance de rappeler le plus vite possible Marion Fesneau-Castaing, attachée de coopération humanitaire qui s’était rendue à Khirbet Makhoul avec un convoi humanitaire et a également fait preuve d’un comportement peu adéquat. Ces deux agents peu conformes ont attiré l’attention sur le mode de recrutement du personnel diplomatique, ainsi que sur la façon dont le consulat général conçoit sa mission.

Lille, Dunkerque, Calais, Boulogne, Cherbourg et Naplouse, Bethléem, Qusra, Awarta… combien de villes françaises sont jumelées avec des villes palestiniennes, voire des villages ? Le consulat général de Jérusalem compte aujourd’hui plus de 100 agents inscrits avec une trentaine de véhicules pour le corps diplomatique.  Ces agents sont des militants salariés ou en CDD, proposés par des municipalités dans le cadre de ces jumelages, ou des ONG, et le Quai d’Orsay se contente d’entériner. Ils reçoivent un passeport de service qui les identifie comme coopérants auprès de l’Autorité palestinienne ou agents consulaires auprès du consulat général. Ils n’ont pas de bureau au consulat, où ils n’ont rien à faire. Ce sont donc des militants qui résident souvent à Ramallah et dont les provocations extrémistes font les délices de la presse. Pourquoi Israël accepte-t-il leur présence ? « Depuis les accords de Washington (dits accords d’Oslo), précise un haut fonctionnaire des Affaires étrangères d’Israël, nous nous sommes astreints à ne pas entraver l’activité des experts dans les territoires. »

Si l’ambassade de France à Tel Aviv est chargée des relations avec Israël, le consulat général de Jérusalem, qui est responsable des relations avec l’Autorité palestinienne, donne volontiers l’impression d’une certaine désinvolture à l’égard du pays d’accueil — Israël. Le consul jouit d’une grande autonomie ; il ne répond qu’au Quai d’Orsay. L’ambassade de France à Tel Aviv, qui gère les relations entre la France et Israël, n’a aucune autorité cette représentation. Ce qui n’a pas manqué de créer quelques conflits…

 

 



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