Notre très chic radio publique annonce à grand renfort de communication un « tournant environnemental ». Derrière les bonnes intentions, son manifeste peut légitimement questionner. Analyse.
Radio France a publié début septembre dans le Journal du Dimanche (et peut-être également ailleurs) une pleine page intitulée « Radio France engage un tournant environnemental » qui mérite attention. À écouter France info et France inter, on avait l’impression que sur les questions environnementales les radios d’État étaient très engagées, très militantes : à fond anti-nucléaires ; à genoux devant de grands scientifiques comme Greta Thumberg ou Nicolas Hulot ; admirateurs éperdus de l’Energiewende allemande ; pleurnichant sur la prétendue disparition des ours polaires ; outrageusement favorables à la multiplication par trois ou quatre des éoliennes en France ; etc. – et ne donnant la parole qu’aux militants de ces nobles causes. Sur tous ces points, les radios d’Etat se faisaient d’ailleurs les porte-paroles des gouvernements français, avec même parfois quelques excès de zèle. Le gouvernement français a récemment un peu évolué sur ces thèmes. En lisant le titre de ce manifeste, on a naïvement pu croire un instant que le « tournant » proclamé par Radio France allait se traduire par plus d’impartialité et moins de propagande. Erreur complète. Sa lecture attentive annonce au contraire encore moins d’impartialité et encore plus de propagande.
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Un nouveau dogme
On se souvient de Philippe Verdier, météorologue à France Télévisions, licencié pour avoir publié sur le climat un livre qui n’était pas dans la ligne. Il s’agissait de la télévision d’Etat, pas de la radio d’Etat. Celle-ci a donc un peu de retard. Elle va le rattraper, en mettant les bouchées doubles.
Notons en passant que le texte de l’annonce ne correspond pas du tout à son titre. Le titre cite l’« environnement » ; le texte parle uniquement du climat. Les journalistes de Radio France suivent là l’exemple de nos gouvernements. Il n’y a plus, depuis longtemps, de ministère de l’Environnement en France. Il y a un ministère (et même plusieurs ministres) de la Transition énergétique. C’est plus chic. Mais l’essentiel n’est pas là. Il est dans le totalitarisme rampant du « tournant ». On y trouve explicitement trois ingrédients caractéristiques des religions et des totalitarismes : le dogme, l’endoctrinement, et la censure.
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Le dogme d’abord. La « crise climatique » doit être « résolument sortie du champ du débat » (Ah, qu’en termes choisis, ces choses-là sont dites !). Son origine humaine est un « fait scientifique établi », qui ne se discute pas. Ceux qui se posent des questions sont des hérétiques, bons pour le bûcher. Cette attitude est totalement anti-scientifique, puisque le moteur de la science, c’est le doute et le débat. Paradoxe amusant, cette anti-science est vendue au nom de la science. Les religions sont plus cohérentes : leurs dogmes ne se cachent pas derrière la science, mais se fondent sur la transcendance. A Radio France, la crise climatique sera donc sortie du champ du débat, mais en même temps elle sera « un axe éditorial majeur ». Il y aura de plus en plus de journalistes pour en parler, mais ils devront tous dire la même chose.
L’endoctrinement ensuite. Il ne suffit pas d’avoir un dogme, un catéchisme, encore faut-il le faire rentrer dans la caboche et le cœur de tous (et toutes) les journalistes. Radio France annonce à cet effet un « grand plan de formation (sic) sur les questions climatiques ». Pour entrer à Radio France, et y faire carrière, il ne suffira pas d’être compétent dans son domaine, encore faudra-t-il être ferré en climatologie officielle. Dans toutes les universités des pays communistes, les cours de marxisme-léninisme (autre science sortie du champ du débat) étaient obligatoires, même pour les étudiants de mathématiques ou de musique ; et de bonnes notes en marxisme-léninisme étaient un accélérateur de carrière.
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La censure enfin. Radio France s’engage à « exclure progressivement la publicité des produits et services les plus polluants ». Elle va donc créer, avec tous les spécialistes de sa science climatique, un service qui examinera et appréciera ce qui peut ou non être présenté aux auditeurs. Sous d’autres cieux, en d’autres temps, on appelait cela la censure. En contrepartie, Radio France « élargira le nombre d’espaces publicitaires offerts aux organisations engagées dans la transition [énergétique] ». La propagande est en effet le complément naturel de la censure. Pour un croyant, il faut évidemment punir le péché et récompenser la vertu. Comme chacun sait, ce joli programme est financé par les contribuables français, à hauteur de 600 millions d’euros par an.
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